L'une des formes les plus fréquentes et les plus meurtrières des pathologies cancéreuses, le cancer bronchique (cancer du poumon) continue de faire ravage en Algérie, notamment en raison du dépistage tardif. La plupart des malades arrivent trop tard, ce qui hypothèque leurs chances de guérison. Cette question a été au centre des deuxièmes journées de chirurgie thoracique, organisées, mardi, par le service de chirurgie thoracique et cardio- vasculaire du CHU Mustapha, dirigé par le Professeur Hocine Chaouche. Selon le Dr Ameur Soltane, chirurgien thoracique au CHU Mustapha, «le cancer bronchique est en progression et au premier rang des maladies les plus mortelles». Le cancer bronchique a une prédominance masculine, puisque 95% des cancers bronchiques sont constatés chez les hommes. Les femmes sont-elles pour autant épargnées par cette tumeur ? Pas forcément, en raison de la montée du tabagisme chez la gent féminine.Le tabagisme joue un rôle déterminant dans la survenue de ce cancer. La cigarette est le facteur de risque le plus important puisque 90% des cas lui sont attribuables. De plus, ce n'est qu'à un stade très avancé de la maladie que les symptômes apparaissent (toux, difficultés respiratoires, expectorations sanguinolentes). En dépit de l'évolution thérapeutique, le pronostic de ce cancer est mauvais puisque la survie à 5 ans après le diagnostic est d'environ 30%. Le cancer du poumon commence habituellement à se former au milieu de la cinquantaine ou de la soixantaine. C'est un cancer particulièrement menaçant, car il peut plus facilement se propager dans le reste du corps que d'autres types de cancer. En effet, tout le sang passe par les poumons pour être oxygéné, et les poumons sont en contact étroit avec plusieurs vaisseaux sanguins et lymphatiques. Ce cancer obstrue souvent les bronches, ce qui crée un terrain propice aux infections des voies respiratoires, comme la bronchite ou la pneumonie. Il faut savoir aussi, alertent les spécialistes, que le cancer du poumon ou cancer thoracique est d'autant plus alarmant qu'il est souvent détecté tardivement. D'où l'importance de lutter contre le tabagisme, principale cause de ce cancer redoutable, a précisé le docteur Ameur Soltane qui a déploré l'absence de programme de prévention et regretté l'absence de statistiques fiables sur le nombre de décès entraînés par cette maladie. Selon lui, «aucune enquête sérieuse n'a été faite sur le terrain, depuis 2002».Pour rappel, 2 500 à 3 500 nouveaux cas de cancer des poumons sont enregistrés officiellement chaque année en Algérie. Par ailleurs, le professeur M. Riquet, spécialiste en pneumologie interventionnelle et de thoracoscopie, de l'hôpital Georges Pompidou (Paris) a indiqué «qu'un fumeur risque de contracter le cancer bronchique même après avoir arrêté la cigarette». Il a souligné qu'en France, 90% des patients opérés ont fumé un paquet pendant 20 ans ou un paquet pendant 10 ans». Mondialement connu, cet éminent professeur s'est dit favorable pour une collaboration avec le CHU Mustapha pour la transplantation pulmonaire. Evoquant les dernières techniques d'imagerie médicale pour le dépistage précoce du cancer du poumon, le docteur Bonnette du service de Chirurgie Thoracique, de l'hôpital Georges Pompidou a fait part du scanner à faible dose qui, dit-il, permet une baisse de 20% de la mortalité liée au cancer du poumon. «Détecté précocement, le cancer du poumon est guérissable grâce à la chirurgie», a-t-il expliqué. L'Algérie veut ainsi bénéficier de l'expérience française très réputée dans le domaine. Dans ce cadre, des formations en transplantation pulmonaire et cardiaque en France sont organisées au profit des médecins algériens. D'autres thèmes ont également été abordés liés au cancer de la plèvre, une tumeur qui est le plus souvent due à une exposition prolongée à l'amiante. A cette occasion, les intervenants dont le Professeur Hocine Chaouche ont mis l'accent sur l'intérêt des campagnes de sensibilisation pour prévenir contre les risques de l'amiante. Le docteur Medjdoub, du service de chirurgie thoracique du Chu Mustapha, a pour sa part évoqué les séquestrations pulmonaires, des pathologies rares qui provoquent des troubles respiratoires. L'usage de l'imagerie médicale a permis d'orienter le diagnostic et d'assurer une meilleure prise en charge. A. B.