En Algérie, il évolue généralement sur une altitude variant entre 10 et 2.000 mètres. On le trouve notamment dans les forêts de la Chiffa (parc national de Chréa), mais surtout en Kabylie (Djurdjura, Gouraya, Kherrata...). Selon les chiffres fournis par la Direction de la protection de la faune et la flore au niveau de la DGF (Direction générale des forêts), la population sauvage est estimée à environ 6.000 individus, dont 4.500 localisés au niveau du Parc national du Djurdjura, de 700 à 800 au parc de Chréa et 600 au parc de Gouraya. La sous-directrice de la protection de la faune et de la flore à la DGF a, cependant, précisé que le décompte n'a pas touché les zones de montagne inaccessibles. « La DGF, avec la contribution de l'institut français et l'université de Bejaia entameront en 2013 un inventaire sur la faune d'Algérie pour recenser toutes les espèces. Le budget y est et la procédure de contractualisation est en cours. Cela nous permettra d'évaluer notre patrimoine cynégénétique », a-t-elle annoncé. Pour mieux connaître ses habitudes et l'étudier, plusieurs recherches ont été effectuées sur le singe magot, dont certaines menées en collaboration avec des instituts français, notamment le projet algéro-français de coopération scientifique (étude du statut du singe magot dans le Parc national de Gouraya). Pour autant, le principal souci des autorités algériennes est la protection de cette espèce. Il figure dans la liste des animaux protégés. La responsable de la protection de la faune et de la flore de la DGF explique, dans ce sens, que les lois algériennes sont claires : la chasse ou la vente du singe magot sont strictement interdites. « Le singe magot est inclus dans le décret 83-509 arrêté le 20 août 1983 et révisé le 17 janvier 1995 sur la protection de la faune ». Etant espèce protégée, même la loi n° 04-07 relative à la chasse interdit toute atteinte au singe magot. LA CAPTURE EST INTERDITE La loi en vigueur en la matière stipule que « les espèces animales protégées ne peuvent être ni chassées, ni capturées sur l'ensemble du territoire national », peut-on lire dans l'article 55 de cette loi. « Toute personne ne respectant pas la règlementation est sanctionnée par les autorités », affirme la responsable de la DGF. Elle précise aussi que cette espèce ne peut être domestiquée. « Le singe magot est une espèce sauvage qui ne peut être apprivoisée. Il représente un danger pour la personne qui le capture », dira-t-elle, ajoutant que plusieurs singes magots sont abandonnés au niveau des parcs zoologiques, après quelques années de captivité. La direction de la protection de la faune et de la flore insiste, par ailleurs, sur la nécessité de respecter l'équilibre naturel de cette espèce. Elle explique que le fait « de donner à manger à cette espèce déstabilise son régime alimentaire. Cela les pousse à abandonner leurs habitudes alimentaires et chercher davantage leur nourriture. Ce qui déséquilibre la nature des choses. Si les visiteurs s'abstiennent de lui donner à manger, le magot reste dans son habitat naturel ce qui permettra de préserver tout un biotope ». Concernant le taux de mortalité de cette espèce, elle affirme qu'il est minime. « Le magot se porte bien dans son habitat naturel, ce qui réduit le nombre de décès par année. Concernant les mortalités par accident, le taux est aussi faible, en moyenne un cas/an. Vigilante et surtout intelligente, cette espèce s'est aussi adaptée au contact avec les humains », dira-t-elle encore. Evoquant la rumeur selon laquelle quelques singes auraient été capturés en Algérie et vendus illégalement en Europe, la responsable de la protection de la faune assure que « pour sortir une espèce protégée du territoire national il faut impérativement un permis délivré par les services de la DGF. D'ailleurs, il figure sur l'annexe II de la convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Pour délivrer ce certificat, il est impérativement nécessaire pour cette personne de justifier une telle procédure (soit à des fins scientifiques ou dans le cadre d'une convention entre Etats) ». LES VOYANTS SONT AU ROUGE Pour autant, l'être humain continue de piétiner les lois et les législations visant à protéger le magot. Venant de toutes parts pour admirer ces primates dans leur habitat naturel, ils sont de plus en plus nombreux à leur offrir de la nourriture, au point de dénaturer leur instinct animal. « Selon des études faites par des chercheurs algériens, l'intervention de l'homme a donné naissance à un nouveau phénomène : le commensalisme (type d'interaction biologique naturelle et fréquente ou systématique entre deux êtres vivants dans laquelle l'hôte fournit une partie de sa propre nourriture au commensal : il n'obtient en revanche aucune contrepartie évidente de ce dernier). Le magot perd ainsi son instinct animalier, allant jusqu'à modifier son régime alimentaire. Au lieu de chercher sa nourriture (régime alimentaire omnivore) il est réduit à la mendicité », explique, pour sa part, le directeur de la Conservation des forêts de la wilaya de Bejaia, M. Ali Mahmoudi. Ce dernier avance que « le macaque n'a nullement besoin de l'intervention de l'homme. Prédisant l'année, il régule son cycle de reproduction, et par ricochet son nombre d'effectif (naissance et mortalité). D'ailleurs, l'équilibre avec le milieu naturel est respecté. Le nombre d'individus est régulé au niveau du biotope ». Mais le responsable insiste sur le fait de respecter l'ordre naturel des choses. « C'est un animal sauvage. Il faut respecter ce fait, en s'abstenant de le nourrir », relève M. Mahmoudi, ajoutant que plusieurs campagnes ont été organisées pour sensibiliser le citoyen sur ce point, notamment par l'Association écologique et scientifique « Amazer N'Fida ». Abordant le nombre de décès par année, le responsable des forêts de la wilaya de Bejaia déclare que le taux est de « 10 à 15 morts/an. Mais les causes de mortalité sont différentes. Certains sont victimes d'accidents ou d'intoxication alimentaire (cas des neuf magots morts en 2009 suite à une intoxication par du cachir avarié dans le parc national de Gouraya), alors que d'autres meurent de vieillesse (régulation naturelle d'effectif) ». M. Mahmoudi a annoncé, par ailleurs, que les autorités ont arrêté ces derniers jours, un individu ayant capturé un magot. « Cette personne a été arrêtée par la police. Selon la réglementation, elle sera traduite en justice. La Conservation des forêts de la wilaya de Bejaia se constituera partie civile dans cette affaire et demandera réparation », a-t-il affirmé.