Pour que personne n'oublie nos valeureux martyrs, Ould El Hocine Mohamed Cherif, Moudjahid ancien officier de l'ALN, a tenu à leur rendre hommage, à travers des écrits et récits consacrés aux moudjahidine et chouhada tombés au champ d'honneur. « Pendant toute la durée de ma participation au combat libérateur, contre l'armée française, dans les maquis de la wilaya IV, j'avais toujours sur moi un petit carnet de route ; j'y écrivais des noms, des dates, des lieux, tous ces événements qui m'ont marqué à tout jamais. J'y écrivais et relatais nos embuscades et accrochages durant la révolution du 1er Novembre », dit-il. Et d'ajouter : « Aujourd'hui, je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles, ces lettre à nos enfants, enfants de notre valeureux peuple pour qu'ils n'oublient jamais nos vaillants chouhada morts au combat face à l'armée française qui n'a pas hésité à pratiquer la politique de la terre brûlée ». En effet, combien sont-ils de nos enfants de vingt ans, universitaires, les forces vives de l'Algérie de demain à connaître les héros de la guère de Libération nationale, à l'image du commandant Si Zoubir de Soumaa, de son vrai nom Souleiman Tayeb, mort héroïquement au champ d'honneur, le 22 février 1957, dans le douar de Sbaghnia, dans la wilaya de Blida pour protéger la vie d'environ quatre cents étudiants et lycéens qui avaient fui les villages après la grève générale des huit jours et qui étaient en attente dans cette localité avant d'être envoyés en Tunisie et au Maroc, afin de terminer leur étude. Mais le nombre important d'étudiants et lycéens, restés trop longtemps à attendre la décision de l'ALN, a attiré l'attention des soldats français. Vers trois heures de l'après-midi, ils se sont retrouvés encerclés par une quinzaine d'hélicoptères « Sikorsky ». Devant cette situation, Si Zoubir n'a pas tardé à donner l'ordre aux étudiants sans arme de sortir des refuges et de se replier en remontant l'Oued. L'accrochage est inévitable : « Le feu était nourri, le combat était inégal. Si Zoubir a été mortellement atteint d'une balle de mitrailleuse 12/7 et les parachutistes français se sont acharnés sur les étudiants désarmés. Si Zoubir est mort le 22 février 1957 ainsi que vingt sept étudiants dont une lycéenne. Autres chahid : Bouras Mohamed, mort à l'age de 17ans dans la bataille de Tamesguida le 20 mars 1957, Benmira Tayeb de Theniet el Had dit El Istiklal tombé au champ d'honneur, le 26 avril 1957 dans la bataille de Sidi Mohand Aklouche dans la région de Cherchell. « C'était un vendredi, 27e jour de Sidna Ramadhan, Leilet El Qadr. Lui qui, à la veille, disait qu'il allait être chahid dans la bataille du lendemain et nous devancer au Paradis. Il a été touché par une roquette au ventre, grièvement blessé, il était heureux et radieux de mourir pour l'Algérie ». Takarli Slimane et Si Mahfoud de Khemis El Khechna sont tombés au champ d'honneur le 4 mai 1957 dans un accrochage dans la région du Zaccar contre le 29e BTA (Bataillon de tirailleurs algériens). Ils sont morts alors qu'ils s'apprêtaient à prendre position sur la crête. « L'ennemi tirait sur notre premier groupe, les voltigeurs français nous avaient devancés. Takarli Slimane et Si Mahfoud ont été tués par la même rafale de mitrailleuses. Ce jour-là, nous étions trente-cinq moudjahiddine contre huit cent cinquante soldats français. Nous avions tué et blessé un grand nombre et fait un prisonnier », raconte Ould Hocine non sans évoquer les chouhada Cherfaoui Ahmed de Cherchell et Ahmed Abbas de Mouzaia qui sont morts dans la bataille de Sidi Simiane le 20 mai 1957, Noufi Abdelhak mort dans la grande embuscade de Lala Ouda Damous le 28 février 1957, Brakni Brahim mort au champ d'honneur en donnant l'assaut pour récupérer un fusil-mitrailleur lors d'un grand accrochage dans le Douar de Brakni près de Cherchell. C'est là, un certain 20 août 1957, poursuit dans son récit Ould El Hocine, que la Katiba El Hamdania, de ma wilaya IV, zone II, région III attaque les villes du littoral et l'école des officiers de cherchell. « A 20h précise, nous avions commencé à tirer tous ensemble à la même seconde. C'était la panique dans la caserne de l'école des officiers. On entendait les cris de douleur des soldats surpris par notre attaque. Les sirènes hurlaient. C'était le branle-bas de combat pendant vingt minutes. Après, nous nous sommes repliés en traversant les mêmes douars. Sur le passage, les habitants nous applaudissaient en nous disant « Que Dieu vous protège », les femmes avec leurs youyou, les enfants sautaient sur nous pour nous embrasser. Je ne pouvais retenir mes larmes, je me disais que nous, les moudjahiddine avions attaqué l'ennemi avant de nous replier en vitesse. Par la suite, l'armée française allait se venger sur la population civile qui nous applaudissait. Je ne pouvais plus me retenir de pleurer ». Pour Ould El Hocine, c'est là une façon à lui d'écrire l'histoire et de retrouver les sentiment qui ont animé le peuple algérien, à savoir l'amour de la patrie, l'abnégation et le sens du sacrifice.