Pendant toute la durée de ma participation au combat libérateur, contre l'armée française, dans les maquis de la wilaya IV, j'avais toujours sur moi un petit carnet de route ; j'y écrivais, notais, des noms, des dates, des lieux, tous ces événements qui m'ont marqués à tout jamais . J'y écrivais et relatais nos embuscades et accrochages durant la révolution du 1er- Novembre 1954. Aujourd'hui, je veux écrire les lettres que je voulais adresser aux familles de nos chouhada, aux parents de mes compagnons morts au champ d'honneur, à mes côtés, en héros en faisant le sacrifice suprême avec la conviction de n'accomplir que leur devoir de patriotes, de combattants de la LIBERTE en se voulant anonymes. Aujourd'hui, je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles, ces lettres à nos enfants, enfants de notre valeureux peuple pour qu'ils n'oublient jamais nos vaillants chouhada morts au combat, face à l'armée française qui n'a pas hésité à pratiquer la politique de la terre brûlée ; elle détruisait tout sur son passage, brûlait maisons et forêts, se vengeait sur la population. Notre courageux peuple, qui a consenti tous les sacrifices, par son engagement il était plus qu'un soutien logistique, je n'oublierai jamais, et cela doit rester à tout jamais gravé dans la mémoire collective, l'accueil chaleureux réconfortant et revigorant que nous réservaient les populations civiles en nous nourrissant et nous logeant après nos batailles, et nos longues marches harassantes de plus de quatorze heures parfois. Le 20 Août 1957, la katiba El Hamdania, de la wilaya IV, zone II, région III, attaque les villes du littoral et l'école des officiers de Cherchell. Pour le premier anniversaire du congrès du FLN de 1956 dans la vallée de la Soummam, l'ALN (Armée de Libération Nationale) avait décidé d'organiser une attaque générale contre l'armée française, pour manifester sa présence sur tout notre territoire national. Elle avait décidé d'engager des actions armées simultanées dans toutes les villes, les villages, et ce, contre les casernes militaires. Il fallait à l'ALN par cette action commune, de la frontière tunisienne à la frontière marocaine, du Nord au Sud, confirmer à l'ennemi français et au monde entier notre existence, que nous pouvions l'attaquer partout où il est, et à tout moment. Par cette action générale, nous avions prouvé à nos adversaires que nous étions là, que nous nous battrions à n'importe quel prix pour la liberté et l'indépendance de notre pays l'Algérie. L'attaque de la caserne Notre compagnie été désignée pour harceler les villes de Cherchell (Novi) Damous, Gouraya, Hadjret enous, Menacer, Sidi Amar, Larhat et ce, sur un rayon de quatre vingt kilomètres. A 19 heures 40 minutes, nous étions arrivés à l'endroit d'où on devait attaquer la caserne d'officier, nous étions l'un à côté de l'autre, tous armés de fusils Garand, et de Mas 56, nos doigts sur la gâchette, nous savions que les autres groupes de moudjahidine de notre katiba El Hamdania étaient dans la même position que nous, prêts à attaquer les objectifs indiqués. A 20 heures précises, nous avions commencé à tirer tous ensemble à la même seconde. C'était la panique dans la caserne de l'école des officiers de Cherchell ; on entendait les cris de douleurs des soldats surpris par notre attaque. Les sirènes hurlaient. C'était le branle-bas de combat pendant vingt minutes. Après nous nous sommes repliés en traversant les mêmes douars. Sur notre passage, les habitants nous applaudissaient, en nous disant : «Dieu est avec vous», des «youyou» fusaient, les enfants sautaient sur nous pour nous embrasser, je ne pouvais retenir mes larmes, je me disais que nous, les moudjahidine, avions attaqué l'ennemi avant de replier en vitesse, et par la suite l'armée française allait se venger sur la population civile qui nous applaudis maintenant, mais qui va le payer de sa vie. Je ne pouvais plus me retenir de pleurer. Je n'oublierai jamais le sacrifice et le courage des habitants du douar Sidi Yahia et celui de la famille de mes frères de combats Lahbouchi ; le sacrifice de se grand peuple qui nous a aidés, secourus, nourris et aimés, doit rester gravé dans les mémoires de nos enfants. En effet, combien sont-ils de nos enfants de vingt ans, universitaires, les forces vives de l'Algérie de demain à connaître le commandant Si Zoubir de Soumaa, de son vrai nom Souleiman Tayeb ? Mort héroïquement au champ d'honneur, le 22 février 1957, dans le douar de Sbaghnia dans la wilaya de Blida pour protéger la vie d'environ quatre cents étudiants et lycéens qui avaient fui les villes après la grève générale des huit jours et qui étaient en attente dans cette localité avant d'être envoyés en Tunisie et au Maroc afin de terminer leurs études. Mais le nombre important d'étudiants et lycéens restés trop longtemps à attendre la décision de l'ALN a attiré l'attention des soldats français. Vers trois heures de l'après-midi, ils se sont retrouvés encerclés par une quinzaine d'hélicoptères «Sikorsky». Si Zoubir a donné l'ordre aux étudiants sans armes de sortie des refuges, de se replier en remontant l'oued. Lui seul a commencé l'accrochage en mitraillant les hélicoptères pour les empêcher de se poser et couvrir par la sorte de repli des étudiants ; le feu était nourri, le combat était inégal. Si Zoubir a été mortellement atteint d'une balle de mitrailleuse 12/7, et les parachutistes français se sont acharnés sur les étudiants désarmés. Si Zoubir est tombé au champ d'honneur le 22 février 1957, ainsi que vingt-sept étudiants dont une lycéenne. Aujourd'hui combien sont-ils nos adolescents à connaître le nom du chahid Bouras Mohamed de El Affroun, mort à l'age de 17 ans dans la bataille de Tamesguida, le 22 mars 1957 où le commando Si Zoubir a anéanti les paras de Bigeard, des éléments d'élite d'Indochine, et expérimenté en guérilla ? Ce commando qui était dirigé par le lieutenant Guillaume, qui n'était autre que le fils du Général Guillaume résident du Maroc, était constitué de 58 soldats français volontaires, à qui le colonel Bigeard avait promis des promotions de grade, sa mission était de faire une opération servant à démontrer à une délégation de sénateurs américains et français que la région de Blida était pacifiée et que seuls quelques rebelles communistes subsistaient encore. Après la violente bataille qui a duré du matin jusqu'au soir, la troupe de Guillaume était décimée, et Si Zoubir ainsi que les 27 étudiants tués quelques jours auparavant, ont été ainsi vengés. La population française de Blida était en deuil ; les paras volontaires se sont plus revenus, car ils avaient été abattus par notre commando, le commando Si Zoubir sous le commandement de Si Moussa Kellouaz. Heureux de mourir pour l'Algerie Aujourd'hui, qui de nos enfants connaît le nom du chahid BenmiraTayeb de Theniet el Had dit el Istiklal, tombé au champ d'honneur le 26 avril1957 dans la bataille de Sidi Mohand Aklouche dans la région de Cherchell ? C'était un vendredi, 27e jour de Sidna Ramadhan, Leilet El qadr, lui qui, la veille, disait qu'il allait être chahid dans la bataille du lendemain et nous devancer au Paradis, Djenet El Ferdous. Notre frère El Istiklal a été touché par une roquette au ventre. Grièvement blessé, il était heureux et radieux de mourir pour l'Algérie. Ses dernier mots ont été : «Prenez mon arme, transmettez mon salut à mes compagnons et si un jour vous êtes de passage au ‘'douar Lira'', passez le bonjour à ma famille et embrassez ma fille et maintenant laissez-moi mourir ! Partez vite ! Partez vite !» El Istiklal nous sommait de partir, car il savait que les troupes françaises nous poursuivaient. Au cours de ce combat, nous avons perdu notre compagnon El Istiklal et nous avons eu deux blessés ; l'ennemi a subi de lourdes pertes qui s'élevaient à plus de soixante-quatre morts et des centaines de blessés et nous avons abattu deux avions (T6-Morane). Beaucoup de mes compagnons de lutte sont morts au champ d'honneur. Je voudrais que leurs noms soient gravés dans les mémoires, qu'ils ne soient jamais oubliés. Je voudrais que leurs proches, leurs parents, leurs douars et villages, sachent combien ils ont été courageux, braves, bons, valeureux, généreux, héroïques et loyaux envers leur patrie, plein d'une foi inébranlable en une Algérie libre débarrassée du joug colonialiste et de l'injustice. Takarli Slimane et Si Mahfoud de Khemis El Khechna, tombés au champ d'honneur le 04 Mai 1957, suite à un accrochage dans le Zaccar contre le 29e BTA (bataillon de tirailleurs algériens). Ils sont morts alors qu'ils s'apprêtaient à prendre position sur la crête, quand soudain éclataient des coups de feu ; l'ennemi tirait sur notre premier groupe, les voltigeurs français nous avaient devancés. Takarli Slimane et SI MAHFOUD ont été tués par la même rafale de mitrailleuse. Ce jour là, nous étions trente cinq (35) moudjahiddines contre huit cent cinquante (850) soldats français, nous avions tués et blessés un grand nombre et fait un prisonnier. Les chouhada CHERFAOUI Ahmed de Cherchell et Ahmed ABBAS de Mouzaia sont morts dans la bataille de SIDI SIMIANE, le 20 Mai 1957. Pendant toute la durée de l'accrochage, alors que l'ennemi, sachant qu'on était dans la foret, y'à mis le feu pour nous brûler, les « you –you » de joie et d'encouragements des femmes, et les cris des hommes « Allah yansorkoum ya el Moudjahdine » nous parvenaient de partout ; nous nous en sommes sorti miraculeusement en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. A la fin de la bataille, l'armée française avait tout brûlé ; la population accourut vers nous avec des bols de lait et de la nourriture en faisant fi de leurs maisons qui brûlaient ! Je voudrais que nos enfants sachent combien notre peuple et nos Chouhada ont été superbes. NOUFI Abdelhak mort dans la grande embuscade de LALA OUDA DAMOUS le 28 Février 1957. L'embuscade a été faite par la section de SI NOUFI et le bataillon de commando de la Wilaya IV sous le commandement de SI SLIMANE et SI YAHIA contre un nombre impressionnant de soldat Français. Cette embuscade menée avec brio par les moudjahiddines Etait un véritable succès .Plusieurs dizaines de véhicules et de camions ont été détruit ; un important arsenal d'armes automatiques a été récupéré ; un avion abattu et des centaines de soldats Français tués. SI NOUFI est mort ce jour du 22 Février 1957en essayant de s'emparer d'une mitrailleuse 12/7 qui, habituellement , était juste boulonnée comme c'était le cas des mitrailleuses héroïquement récumeurt le 09 Janvier 1957 lors de la bataille de Tizi Franco, menée par Si Hamdane et Si Zoubir. Mais celle-ci était soudée et difficile à démonter. Si Noufi a été atteint par une balle tirée du seul half-track qui avait échappé à l'embuscade, car il était resté en retrait. Mon compagnon Brakni Braham, la perle de l'USM Blida – du commando de la zone 2 de la Wilaya IV sous le commandement de SI Ali Bendifallah de Cherchell est mort au champ d'honneur en faisant l'assaut pour récupérer un fusil mitrailleur lors d'un grand accrochage dans le douar de Brakni près de Cherchell. Il le voulait ce fusil, coûte que coûte, parce que quelques jours auparavant, en quittant notre commando, il avait laissait son arme. C'était la coutume. Armé d'un petit 6.35, il était déterminé à récupérer ce fusil mitrailleur. Cet assaut lui a été fatal. Sans oublier mes autres compagnons et tant d'autres moudjahiddine qui sont morts pour l'amour de l'Algérie. Je salue les parents de nos glorieux et valeureux chouhada. Je souhaite, au risque de me répéter que leurs noms soient à jamais gravés dans la mémoires du peuple algérien. Mes compagnons chouhada. - Le commandant El Baghdadi, de son nom Allili Ahmed de Boufarik. - Si Moussa de son vrai nom Kellouz Moussa de Bourached - M'barek Ahmed dit Zendari – Kelassi Ahmed – ChamouniI Abdelkader - Beskri Fatiha dite Yamina de Ain Defla Mes compagnons chouhada de Hadjout (ex-Marengo) - Les frères Hocine Ali, Noureddine, Zoubir et leur père - Rekaizi Mohamed dit Dahdouh - Doudou Mohand Said dit Lyes - Fetaka Ali - Alouane Mohamed - Guendouz Abdelkader - Abdesslam Akha tant d'autres. Et tant d'autres, ALLAH YERHAM ECHOUHADA. Ainsi, je participe d'une façon ou d'une autre à travers les récits de lutte de notre peuple pendant la révolution du 1er Novembre 1954, à l'écriture de l'histoire et à retrouver les sentiments qui ont animé le peuple algérien, à savoir l'amour de la patrie, l'abnégation et le sens du sacrifice. Aujourd'hui, plus que jamais, je reste convaincu que l'enseignement objectif de l'histoire de notre pays et du combat libérateur de notre peuple contribuera à maintenir vivace la mémoire de nos martyrs qui ont donné leur vie pour une Algérie libre, indépendante, juste, fraternelle et unie. Quant à mon témoignage vivant de la révolution du 1er Novembre 1954, je n'ai fait que mon devoir et je rends hommage aux chouhada et au peuple algérien. GLOIRE A NOS MARTYRS Ould El Hocine Mohamed Chérif, Moudjahid, Ancien Officier de l' ALN Pendant toute la durée de ma participation au combat libérateur, contre l'armée française, dans les maquis de la wilaya IV, j'avais toujours sur moi un petit carnet de route ; j'y écrivais, notais, des noms, des dates, des lieux, tous ces événements qui m'ont marqués à tout jamais . J'y écrivais et relatais nos embuscades et accrochages durant la révolution du 1er- Novembre 1954. Aujourd'hui, je veux écrire les lettres que je voulais adresser aux familles de nos chouhada, aux parents de mes compagnons morts au champ d'honneur, à mes côtés, en héros en faisant le sacrifice suprême avec la conviction de n'accomplir que leur devoir de patriotes, de combattants de la LIBERTE en se voulant anonymes. Aujourd'hui, je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles, ces lettres à nos enfants, enfants de notre valeureux peuple pour qu'ils n'oublient jamais nos vaillants chouhada morts au combat, face à l'armée française qui n'a pas hésité à pratiquer la politique de la terre brûlée ; elle détruisait tout sur son passage, brûlait maisons et forêts, se vengeait sur la population. Notre courageux peuple, qui a consenti tous les sacrifices, par son engagement il était plus qu'un soutien logistique, je n'oublierai jamais, et cela doit rester à tout jamais gravé dans la mémoire collective, l'accueil chaleureux réconfortant et revigorant que nous réservaient les populations civiles en nous nourrissant et nous logeant après nos batailles, et nos longues marches harassantes de plus de quatorze heures parfois. Le 20 Août 1957, la katiba El Hamdania, de la wilaya IV, zone II, région III, attaque les villes du littoral et l'école des officiers de Cherchell. Pour le premier anniversaire du congrès du FLN de 1956 dans la vallée de la Soummam, l'ALN (Armée de Libération Nationale) avait décidé d'organiser une attaque générale contre l'armée française, pour manifester sa présence sur tout notre territoire national. Elle avait décidé d'engager des actions armées simultanées dans toutes les villes, les villages, et ce, contre les casernes militaires. Il fallait à l'ALN par cette action commune, de la frontière tunisienne à la frontière marocaine, du Nord au Sud, confirmer à l'ennemi français et au monde entier notre existence, que nous pouvions l'attaquer partout où il est, et à tout moment. Par cette action générale, nous avions prouvé à nos adversaires que nous étions là, que nous nous battrions à n'importe quel prix pour la liberté et l'indépendance de notre pays l'Algérie. L'attaque de la caserne Notre compagnie été désignée pour harceler les villes de Cherchell (Novi) Damous, Gouraya, Hadjret enous, Menacer, Sidi Amar, Larhat et ce, sur un rayon de quatre vingt kilomètres. A 19 heures 40 minutes, nous étions arrivés à l'endroit d'où on devait attaquer la caserne d'officier, nous étions l'un à côté de l'autre, tous armés de fusils Garand, et de Mas 56, nos doigts sur la gâchette, nous savions que les autres groupes de moudjahidine de notre katiba El Hamdania étaient dans la même position que nous, prêts à attaquer les objectifs indiqués. A 20 heures précises, nous avions commencé à tirer tous ensemble à la même seconde. C'était la panique dans la caserne de l'école des officiers de Cherchell ; on entendait les cris de douleurs des soldats surpris par notre attaque. Les sirènes hurlaient. C'était le branle-bas de combat pendant vingt minutes. Après nous nous sommes repliés en traversant les mêmes douars. Sur notre passage, les habitants nous applaudissaient, en nous disant : «Dieu est avec vous», des «youyou» fusaient, les enfants sautaient sur nous pour nous embrasser, je ne pouvais retenir mes larmes, je me disais que nous, les moudjahidine, avions attaqué l'ennemi avant de replier en vitesse, et par la suite l'armée française allait se venger sur la population civile qui nous applaudis maintenant, mais qui va le payer de sa vie. Je ne pouvais plus me retenir de pleurer. Je n'oublierai jamais le sacrifice et le courage des habitants du douar Sidi Yahia et celui de la famille de mes frères de combats Lahbouchi ; le sacrifice de se grand peuple qui nous a aidés, secourus, nourris et aimés, doit rester gravé dans les mémoires de nos enfants. En effet, combien sont-ils de nos enfants de vingt ans, universitaires, les forces vives de l'Algérie de demain à connaître le commandant Si Zoubir de Soumaa, de son vrai nom Souleiman Tayeb ? Mort héroïquement au champ d'honneur, le 22 février 1957, dans le douar de Sbaghnia dans la wilaya de Blida pour protéger la vie d'environ quatre cents étudiants et lycéens qui avaient fui les villes après la grève générale des huit jours et qui étaient en attente dans cette localité avant d'être envoyés en Tunisie et au Maroc afin de terminer leurs études. Mais le nombre important d'étudiants et lycéens restés trop longtemps à attendre la décision de l'ALN a attiré l'attention des soldats français. Vers trois heures de l'après-midi, ils se sont retrouvés encerclés par une quinzaine d'hélicoptères «Sikorsky». Si Zoubir a donné l'ordre aux étudiants sans armes de sortie des refuges, de se replier en remontant l'oued. Lui seul a commencé l'accrochage en mitraillant les hélicoptères pour les empêcher de se poser et couvrir par la sorte de repli des étudiants ; le feu était nourri, le combat était inégal. Si Zoubir a été mortellement atteint d'une balle de mitrailleuse 12/7, et les parachutistes français se sont acharnés sur les étudiants désarmés. Si Zoubir est tombé au champ d'honneur le 22 février 1957, ainsi que vingt-sept étudiants dont une lycéenne. Aujourd'hui combien sont-ils nos adolescents à connaître le nom du chahid Bouras Mohamed de El Affroun, mort à l'age de 17 ans dans la bataille de Tamesguida, le 22 mars 1957 où le commando Si Zoubir a anéanti les paras de Bigeard, des éléments d'élite d'Indochine, et expérimenté en guérilla ? Ce commando qui était dirigé par le lieutenant Guillaume, qui n'était autre que le fils du Général Guillaume résident du Maroc, était constitué de 58 soldats français volontaires, à qui le colonel Bigeard avait promis des promotions de grade, sa mission était de faire une opération servant à démontrer à une délégation de sénateurs américains et français que la région de Blida était pacifiée et que seuls quelques rebelles communistes subsistaient encore. Après la violente bataille qui a duré du matin jusqu'au soir, la troupe de Guillaume était décimée, et Si Zoubir ainsi que les 27 étudiants tués quelques jours auparavant, ont été ainsi vengés. La population française de Blida était en deuil ; les paras volontaires se sont plus revenus, car ils avaient été abattus par notre commando, le commando Si Zoubir sous le commandement de Si Moussa Kellouaz. Heureux de mourir pour l'Algerie Aujourd'hui, qui de nos enfants connaît le nom du chahid BenmiraTayeb de Theniet el Had dit el Istiklal, tombé au champ d'honneur le 26 avril1957 dans la bataille de Sidi Mohand Aklouche dans la région de Cherchell ? C'était un vendredi, 27e jour de Sidna Ramadhan, Leilet El qadr, lui qui, la veille, disait qu'il allait être chahid dans la bataille du lendemain et nous devancer au Paradis, Djenet El Ferdous. Notre frère El Istiklal a été touché par une roquette au ventre. Grièvement blessé, il était heureux et radieux de mourir pour l'Algérie. Ses dernier mots ont été : «Prenez mon arme, transmettez mon salut à mes compagnons et si un jour vous êtes de passage au ‘'douar Lira'', passez le bonjour à ma famille et embrassez ma fille et maintenant laissez-moi mourir ! Partez vite ! Partez vite !» El Istiklal nous sommait de partir, car il savait que les troupes françaises nous poursuivaient. Au cours de ce combat, nous avons perdu notre compagnon El Istiklal et nous avons eu deux blessés ; l'ennemi a subi de lourdes pertes qui s'élevaient à plus de soixante-quatre morts et des centaines de blessés et nous avons abattu deux avions (T6-Morane). Beaucoup de mes compagnons de lutte sont morts au champ d'honneur. Je voudrais que leurs noms soient gravés dans les mémoires, qu'ils ne soient jamais oubliés. Je voudrais que leurs proches, leurs parents, leurs douars et villages, sachent combien ils ont été courageux, braves, bons, valeureux, généreux, héroïques et loyaux envers leur patrie, plein d'une foi inébranlable en une Algérie libre débarrassée du joug colonialiste et de l'injustice. Takarli Slimane et Si Mahfoud de Khemis El Khechna, tombés au champ d'honneur le 04 Mai 1957, suite à un accrochage dans le Zaccar contre le 29e BTA (bataillon de tirailleurs algériens). Ils sont morts alors qu'ils s'apprêtaient à prendre position sur la crête, quand soudain éclataient des coups de feu ; l'ennemi tirait sur notre premier groupe, les voltigeurs français nous avaient devancés. Takarli Slimane et SI MAHFOUD ont été tués par la même rafale de mitrailleuse. Ce jour là, nous étions trente cinq (35) moudjahiddines contre huit cent cinquante (850) soldats français, nous avions tués et blessés un grand nombre et fait un prisonnier. Les chouhada CHERFAOUI Ahmed de Cherchell et Ahmed ABBAS de Mouzaia sont morts dans la bataille de SIDI SIMIANE, le 20 Mai 1957. Pendant toute la durée de l'accrochage, alors que l'ennemi, sachant qu'on était dans la foret, y'à mis le feu pour nous brûler, les « you –you » de joie et d'encouragements des femmes, et les cris des hommes « Allah yansorkoum ya el Moudjahdine » nous parvenaient de partout ; nous nous en sommes sorti miraculeusement en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. A la fin de la bataille, l'armée française avait tout brûlé ; la population accourut vers nous avec des bols de lait et de la nourriture en faisant fi de leurs maisons qui brûlaient ! Je voudrais que nos enfants sachent combien notre peuple et nos Chouhada ont été superbes. NOUFI Abdelhak mort dans la grande embuscade de LALA OUDA DAMOUS le 28 Février 1957. L'embuscade a été faite par la section de SI NOUFI et le bataillon de commando de la Wilaya IV sous le commandement de SI SLIMANE et SI YAHIA contre un nombre impressionnant de soldat Français. Cette embuscade menée avec brio par les moudjahiddines Etait un véritable succès .Plusieurs dizaines de véhicules et de camions ont été détruit ; un important arsenal d'armes automatiques a été récupéré ; un avion abattu et des centaines de soldats Français tués. SI NOUFI est mort ce jour du 22 Février 1957en essayant de s'emparer d'une mitrailleuse 12/7 qui, habituellement , était juste boulonnée comme c'était le cas des mitrailleuses héroïquement récumeurt le 09 Janvier 1957 lors de la bataille de Tizi Franco, menée par Si Hamdane et Si Zoubir. Mais celle-ci était soudée et difficile à démonter. Si Noufi a été atteint par une balle tirée du seul half-track qui avait échappé à l'embuscade, car il était resté en retrait. Mon compagnon Brakni Braham, la perle de l'USM Blida – du commando de la zone 2 de la Wilaya IV sous le commandement de SI Ali Bendifallah de Cherchell est mort au champ d'honneur en faisant l'assaut pour récupérer un fusil mitrailleur lors d'un grand accrochage dans le douar de Brakni près de Cherchell. Il le voulait ce fusil, coûte que coûte, parce que quelques jours auparavant, en quittant notre commando, il avait laissait son arme. C'était la coutume. Armé d'un petit 6.35, il était déterminé à récupérer ce fusil mitrailleur. Cet assaut lui a été fatal. Sans oublier mes autres compagnons et tant d'autres moudjahiddine qui sont morts pour l'amour de l'Algérie. Je salue les parents de nos glorieux et valeureux chouhada. Je souhaite, au risque de me répéter que leurs noms soient à jamais gravés dans la mémoires du peuple algérien. Mes compagnons chouhada. - Le commandant El Baghdadi, de son nom Allili Ahmed de Boufarik. - Si Moussa de son vrai nom Kellouz Moussa de Bourached - M'barek Ahmed dit Zendari – Kelassi Ahmed – ChamouniI Abdelkader - Beskri Fatiha dite Yamina de Ain Defla Mes compagnons chouhada de Hadjout (ex-Marengo) - Les frères Hocine Ali, Noureddine, Zoubir et leur père - Rekaizi Mohamed dit Dahdouh - Doudou Mohand Said dit Lyes - Fetaka Ali - Alouane Mohamed - Guendouz Abdelkader - Abdesslam Akha tant d'autres. Et tant d'autres, ALLAH YERHAM ECHOUHADA. Ainsi, je participe d'une façon ou d'une autre à travers les récits de lutte de notre peuple pendant la révolution du 1er Novembre 1954, à l'écriture de l'histoire et à retrouver les sentiments qui ont animé le peuple algérien, à savoir l'amour de la patrie, l'abnégation et le sens du sacrifice. Aujourd'hui, plus que jamais, je reste convaincu que l'enseignement objectif de l'histoire de notre pays et du combat libérateur de notre peuple contribuera à maintenir vivace la mémoire de nos martyrs qui ont donné leur vie pour une Algérie libre, indépendante, juste, fraternelle et unie. Quant à mon témoignage vivant de la révolution du 1er Novembre 1954, je n'ai fait que mon devoir et je rends hommage aux chouhada et au peuple algérien. GLOIRE A NOS MARTYRS Ould El Hocine Mohamed Chérif, Moudjahid, Ancien Officier de l' ALN