Beaucoup de livres ont été écrits ces dernières années sur la bataille d'Alger. Le destin pathétique et tragique de P'tit Omar vient d'en inspirer un autre. « P'tit Omar, la révolution dans le cartable » de Souhila Amirat raconte le destin implacable d'un enfant promu à un bel avenir, que la bêtise humaine a arraché aux siens. Ecrit dans un style accessible, le récit retrace l'itinéraire de Omar Yacef, allias P'tit Omar, qui à neuf ans prend conscience du fait colonial et demande à son père, alors militant du PPA, de le laisser assister aux réunions clandestines du parti. Les privations et les injustices finissent toujours par nourrir la révolte dans les cœurs des adultes et même des enfants. C'est le cas de Omar qui assiste aux réunions du parti, se disant, en son for intérieur, que ces discussions sont le prélude à une révolution qui soustraira son pays du harnais colonial. Issu d'une famille militante, l'enfant ne peut que suivre les traces de ses aînés. L'auteure souligne que « le milieu, l'entourage, le climat familial, le tempérament, et, surtout, les convictions ». Tout le monde parle du déclenchement éminent de la révolution et la naissance du Front de libération nationale. Les femmes « qui ne parlent jamais de politique s'y mettent ». Le père de Omar qui pense que son fils n'est qu'un enfant qui ne comprend pas se trompe, puisque son rejeton se dit au fond de lui qu'il « ne me croit pas capable de réfléchir et de comprendre, à croire que cela ne concerne que les adultes, alors que moi aussi j'étais présent aux réunions du parti ». Même enfant, Omar fait attention à tout ce qui se passe dans son entourage et remarque les va-et-vient incessants de Saadi Yacef, son oncle maternel. Des hommes, dont certains président les réunions clandestines, fréquentent la maison familiale où ils se réunissent en secret. Omar fait le guet pour assurer la sécurité de son oncle et des militants. La rencontre avec Ali la Pointe à la fontaine de Sidi M'hamed où il lui remet une lettre, quelques mois après la bataille d'Alger. La discussion qu'ont les deux personnes montre l'intelligence de l'un et de l'autre et, surtout, la conscience politique de Omar. Une grande amitié née entre l'homme et l'enfant, après cette brève rencontre. Ils « connaîtront des moments de joie et de rire, des moments de peur et d'angoisse, dans une casbah déjà plongée dans la plus grande souffrance ». Omar participe à l'opération de l'assainissement du grand Alger en avril 1956. Il donne des consignes aux enfants pour rouer tous les clochards de la Casbah. Son oncle le charge d'aller à la rencontre de Ben M'hidi, arrivé à Alger en 1956. Malgré quelques appréhensions, en raison de l'importance de l'homme, le fidaï, accompagné du moudjahid, gagne sans coup férir à rejoindre le refuge. Omar est ambitieux et veut être un vrai fidaï. Yacef S. écrit dans son livre que « deux ans auparavant, il nous suppliait, avec rage de l'admettre dans le cercle très fermé des adultes. Mais personne ne l'avait pris au sérieux. A l'exception de Ali la Pointe, en incorrigible facétieux qui aimait sa proximité pour le taquiner. A la longue, tout le monde l'adopta mais nous n'osions pas encore l'impliquer dans nos affaires par mesure de sécurité. C'était une erreur car si P'tit Omar avait de quoi ressembler aux adultes engagés dans la guerre, c'était la discrétion », écrit Saadi Yacef dans le deuxième tome son livre « La bataille d'Alger ». Dans le chapitre intitulé « Et l'ange s'envola à la rue des Abdérames », l'écrivaine évoque les circonstances de la mort du petit héro avec ses compagnons de combat. Elle consacre aussi des chapitres à la bombe de la rue Thèbes, aux poseuses de bombes et à la grève des huit jours.