Le système LMD qui garantit au terme d'un cursus universitaire de six semestres une licence à l'étudiant, ou mieux un doctorat au bout de huit ans d'études, est-il le remède tant souhaité par la communauté universitaire capable enfin de repositionner l'université algérienne dans le classement mondial en la propulsant à une place enviable? Quel sera l'apport de l'université, sous l'option LMD à l'économie nationale ? Autrement dit, pourra-t-elle contribuer effectivement à réduire, ou pourquoi pas à éradiquer à terme la contrainte du manque des compétences, lequel paramètre au demeurant est déterminant dans la promotion et la réussite des investissements économiques, même en ce qui concerne les IDE? En 2012, toutes les universités du pays adopteront définitivement le système LMD (licence, master, doctorat). Le processus de basculement de l'ancien système d'enseignement vers le nouveau a déjà commencé et concerne désormais nombre de facultés touchant ainsi plusieurs spécialités, tant techniques que celles des sciences humaines. Pour autant, et comme il fallait s'y attendre, ce changement n'a pas suscité que de l'enthousiasme chez les enseignants universitaires. Les appréhensions se sont a priori mêlées aux certitudes exprimées par ces derniers quant à la nécessité de réadapter et de mettre l'ancien système universitaire au diapason des évolutions configurant le secteur de l'enseignement supérieur. Deux enseignants universitaires ont émis leurs avis. Le premier, exerçant à l'USTHB (université des sciences et de la technologie Houari Boumediene), enseigne les mathématiques aux étudiants de première année, département sciences et techniques (ST) sous le système LMD et le second enseignant à l'université des lettres et des langues de Bouzeréah et dispense des cours dans une filière, dont les programmes sont encore régis par le système classique. Avec le LMD, le système des examens obéit à une nouvelle méthode. Avant, l'étudiant subissait normalement trois EMD (examen de moyenne durée) par année. S'il n'obtenait pas la moyenne, il pouvait passer la synthèse et même le rattrapage. Actuellement avec le système semestriel, l'étudiant passe deux examens dans l'année. Cependant après chaque contrôle semestriel, et s'il n'obtient pas la moyenne il ouvre droit à une cession de rattrapage qui intervient généralement une semaine ou deux après l'examen semestriel» explique l'enseignant de Bab Ezzouar pour dire la différence entre les deux systèmes. Pour lui, la nouvelle structuration du calendrier des examens est plus appropriée. Seulement suggère-t-il :« la durée que prennent le déroulement des examens semestriels, les délibérations et les deux sessions de rattrapage, est défalquée, ce qui est tout à fait logique, du volume horaire global des programmes d'enseignement qui sont relativement chargés. Donc, pour qu'on puisse boucler le programme à la fin de l'année, je souhaite qu'on augmente le volume horaire ». Évoquant son cas, il confie que le module de maths qu'il enseigne aux étudiants de la première année ST comprend deux grands volets, en l'occurrence l'Algèbre et l'Analyse. « Le planning hebdomadaire de mes étudiants comporte deux cours de maths et une séance de TD (travaux dirigés). A moins de rajouter une autre séance de TD, on n'est pas, objectivement parlant, tout à fait sûr de dispenser tout le contenu de notre programme. La solution à mes yeux est qu'on augmente le volume horaire, ainsi on peut disposer davantage de marge pour terminer l'intégralité du programme» promet-il. Et d'ajouter : « La réussite du système LMD repose sur un paramètre essentiel relatif à l'étudiant. Ce dernier doit fournir constamment davantage d'efforts dans les études, c'est l'essence même du nouveau système. Même dans d'autres pays qui ont adopté le LMD, on met souvent l'accent sur cette condition, d'autant plus qu'avec l'Internet et les nouveaux outils, l'étudiant a la latitude d'approfondir ses travaux ». Pour autant, il avoue que nombre d'étudiants (nouveaux bacheliers) qui suivent ces cours de première année, étape considérée déterminante pour la poursuite du cursus universitaire, n'ont pas un niveau de connaissances qui leur permet d'assimiler convenablement les programmes universitaires. L'étudiant s'investit davantage dans le nouveau système Ce constat, que d'autres enseignants déplorent, est accentué, selon lui, par le fait qu'il est des étudiants qui ne daignent même pas préparer leurs cours ou les séries de TD, alors que le système LMD est conçu de sorte à ce qu'ils s'impliquent d'une manière effective, partant, d'assumer largement leur rang d'étudiant comme partie prenante intégrale dans la sphère de l'enseignement supérieur. Cela dit explique-t-il « l'assiduité de l'étudiant et sa participation aux TD sont, au demeurant, évaluées par l'enseignant. La note repose sur un barème de 5 points qui s'ajoute à celle obtenue lors du contrôle des TD qui est sur 15. Le résultat de leur addition s'ajoute ensuite à la note d'examen semestriel noté sur 40. L'ensemble sera divisé par trois pour avoir la moyenne semestrielle. C'est dire que dans le LMD, on donne plus de considération à l'effort de l'étudiant par rapport à l'ancien système ». Pour son collègue de Bouzeréah, l'heure est aux préparatifs pour la mise en place du LMD. On compte préparer toutes les conditions nécessaires pour la réussite du changement de l'ancien système au LMD. D'une manière générale, le nouveau système comportera une fois appliqué quatre ensemble d'unités d'enseignement, à savoir, les unités d'enseignement fondamental, l'unité de découverte, de méthodologie et enfin l'unité transversale. Pour décrocher une licence, l'étudiant doit suivre successivement des programmes étalés sur 6 semestres, c'est-à-dire, une durée totale de trois ans » fait-elle savoir. L'élaboration des programmes, tient compte, selon elle, d'un ensemble de facteurs, entre autres, le calcul des volumes horaires et la disponibilité des classes, car désormais avec le LMD, le nombre d'étudiants par salle doit être revu à la baisse de sorte à ce que les programmes des études soient assimilés dans de bonnes conditions. «Normalement, la question des volumes horaires ne devrait pas se poser dans la mesure où des calculs ont été faits en amont pour mieux maîtriser ce paramètre. Reste la disponibilité des classes et autres infrastructures pédagogiques» fait-elle remarquer. Dans le cadre du suivi et de l'orientation des étudiants, il est prévu, selon notre vis-à-vis, un système de « tutorat » qui place chaque étudiant sous la tutelle d'un professeur et ce pour l'orienter dans ses études. «Ainsi, l'étudiant sera automatiquement appelé à fournir plus d'efforts» promet-elle. Et de conclure «pour moi, le LMD est une chance pour notre université, pour peu que tout un chacun s'implique effectivement.