Au 15e salon international de l'automobile, les griefs n'ont pas manqué. Des clients et l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement de la wilaya d'Alger (APOCE) dénoncent des pratiques détournées de la part des concessionnaires pour ne pas répondre aux exigences imposées par les garanties. Un client, propriétaire de deux Renault Trafic, en panne mais encore sous garantie, attend depuis 8 mois la livraison de pièces. « Je possède également une Renault Scénic qui était sous garantie quand elle est tombée en panne. Mais ce délai a expiré durant l'attente de la pièce de rechange. Du coup, le concessionnaire m'a exigé le paiement de 50% du tarif de la prestation de maintenance et de la pièce », raconte-t-il. Un autre cas rapporté par un responsable de l'APOCE. Celui du propriétaire d'une Opel tombée en panne une semaine après sa livraison. Face au retard pris dans la prise en charge du véhicule, le client acquiert la pièce sur le marché. Conséquence : le client perd la garantie de son véhicule. En général, un véhicule neuf est garanti 2 ans ou 50 000 km pour les véhicules touristiques et 100 000 km pour les utilitaires et poids lourds. La pièce de rechange et la main-d'œuvre sont gratuites durant cette période de garantie dite « contractuelle ». Clause que seuls certains concessionnaires respectent effectivement. Souvent, la pièce de rechange n'y est pas incluse. En effet, certains concessionnaires ne garantissent que le moteur pour défectuosité d'origine sans la pièce ni la boîte à vitesses. Pourtant, lorsqu'ils sont interrogés sur le kit garanti, les concessionnaires répondent unanimement « moteur et boîte ». Mais à la demande de plus de précisions, les propos des concessionnaires deviennent vagues. Aussi, signalent-ils que la garantie porte sur la maintenance mais sans la pièce ni les consommables (huile et filtre). Le hic c'est en cas de recours à un prestataire hors du réseau du concessionnaire, le client perd automatiquement sa garantie, même en cas d'installation de la carburation GPL, sauf chez Peugeot, conventionné à un prestataire ou encore Citroën qui recommande un prestataire avec lequel ledit concessionnaire n'est pas conventionné, selon une responsable au niveau de la commerciale. DES DOCUMENTS ILLISIBLES Sur certains documents de concessionnaires dictant les conditions de vente, on peut lire que « la garantie appliquée est celle accordée par le concessionnaire cité sur ledit document à la date de livraison du véhicule. Le client s'engage d'ores et déjà à en prendre expressément connaissance à cette date et à en accepter les conditions et les restrictions » et « dès constatation d'une éventuelle défaillance, le client est tenu de se rapprocher uniquement de la Sarl du concessionnaire. Le client s'abstiendra d'intervenir lui-même ou de faire intervenir un tiers à cette fin, faute de quoi, la garantie n'est plus valable ». Il est également indiqué que « sont exclus de cette garantie les accessoires et équipements n'étant pas d'origine, montés en dehors des ateliers du concessionnaire (qui est nommé), relatifs aux opérations d'entretien recommandées dans le livret d'utilisation ». Mais ce livret n'est en fait remis qu'à la livraison du véhicule soit après le paiement de la totalité du prix du véhicule, a-t-on appris auprès de différents concessionnaires. Aussi, « sont exclus de la garantie les défauts et détériorations provoqués par toute utilisation anormale du véhicule, par l'usure naturelle ou par un accident extérieur (montage erroné, entretien défectueux...) ou encore par une modification non prévue ni spécifique par le constructeur ». Reste que tous ces détails sont mentionnés en très petits caractères presque illisibles. L'argument de certains concessionnaires : « Il existe deux sortes de contrats : celui qui lie le concessionnaire aux constructeurs qui imposent ce genre de garanties d'une part, et celui liant le concessionnaire au client d'autre part ». Toutefois, le concessionnaire comme le constructeur sont soumis à la législation algérienne sur le marché local. La réglementation en vigueur n'est pas claire à ce sujet, néanmoins l'APOCE parle de « clause abusive ».