Les « toumoubilètes », ce ne sont pas les automobiles ou aucune autre voiture. Les « toumoubilètes », et il aura fallu que l'on tombe sur un livre rapportant les mœurs et coutumes des femmes des Aurès de la fin du XIXe siècle, pour que l'on sache ce que sait. Alors que leurs sœurs de Kabylie allaient pieds nus, sauf pour les femmes et filles des familles maraboutiques, les femmes des Aurès avaient droit à trois paires de souliers. Ben, oui ! La première consistait en une paire de semelles tissées en raphia, ou avec de la corde, que la femme nouait à ses chevilles par des lanières, sorte de spartiates à la grec. Le deuxième modèle, plus solide pour les chemins caillouteux des monts, était réalisé avec des pneus de voiture, d'où le nom de « toumoubilètes ». Le caoutchouc résistant permettait de couper des rectangles que l'on façonnait en chaussures. Des souliers solides pour traverser les sentiers escarpés envahis par la neige ou la boue. Elles étaient achetées au marché ou réalisées par l'époux. Et pour les coquettes et jours de fête, il y avait les « belghates », ces mules de velours brodées ou réalisées en cuir. A tout seigneur, tout honneur, elles étaient privilégiées par les chanteuses et poétesses qui n'étaient autres que les aziryates.