Les deux « frères ennemis », le Soudan et le Soudan Sud, veulent-ils réellement la paix ? Si les affrontements qui ont opposé, ces derniers jours, les deux pays à Heglig ont failli compromettre les pourparlers sur la sécurité patronnés par l'Union Africaine, l'attaque, vendredi, contre la ville frontalière de Talodi (dans l'Etat du Kordofan) par les rebelles de la branche Nord (SPLM-N) de l'ex-rébellion sud soudanaise, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), risque de leur porter un coup fatal. L'armée soudanaise a accusé, hier, le Sud de soutenir les rebelles. « Ils sont venus, appuyés par des chars et des canons du Soudan du Sud », a déclaré le porte-parole de l'armée, Sawarmi Khaled Saad en ajoutant que cette dernière avait repoussé l'attaque. Un porte-parole du (SPLM-N) Arnu Ngutulu Lodi, a confirmé les affrontements avec les forces soudanaises, en niant le soutien de l'armée du Sud à leur mouvement. Sur le plan politique, la réaction des deux pays ne s'est pas fait attendre. Dans un premier temps, les ministres de la Défense et de l'Intérieur du Soudan et du Soudan du Sud avaient « retardé », hier, leur départ pour la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, où ils devaient mener les discussions, en guise de protestation contre la reprise des combats dans cette ville frontalière et riche en pétrole. Quelques heures plus tard, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Al-Obeid Merouh, a annoncé le départ du ministre soudanais de l'Intérieur et de hauts responsables de la Défense, le chef des services de renseignements et le commandant adjoint des forces armées en tête. Présidée par le ministre des Affaires étrangères, Nhial Deng Nhial, la délégation du Soudan du Sud, comprend, pour sa part, les ministres de la Défense, de la Justice et des Affaires parlementaires et le négociateur en chef, Pagan Amum. Des pourparlers au « niveau technique » sont en cours depuis mercredi. Les négociations politiques se dérouleront sous l'égide du médiateur de l'UA, l'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki. « Peu importe ce qui se passe sur le terrain, cela ne devrait pas affecter l'engagement des parties à négocier, parce qu'au final (...), ce n'est qu'à travers le dialogue que les problèmes finiront par être résolus », a assuré le chef de la diplomatie su sud Soudan.