Alger, capitale politique, administrative et économique du pays ne se soustrait pas, à l'instar de tous les grands pôles urbains de par le monde, aux problèmes propres aux densités démographique et automobile. S'il y a, dans ce cas, quelque problème à soulever, c'est bien celui du stationnement automobile qui détient la palme d'or en matière de complexité. Il est vrai que ces dernières années, Alger a connu successivement des projets qui ont ouvert des perspectives prometteuses en matière de circulation automobile. Il n'y a, pour cela, qu'à citer les projets de trémies, les échangeurs qui ont permis d'ouvrir des passerelles directes entre des quartiers que les automobilistes ne pouvaient rallier autrefois qu'au prix de pénibles détours, l'élargissement de voies urbaines et tant d'autres mesures qui permettent à la capitale de contenir ces flux quotidiens incroyables de véhicules automobiles. Les derniers événements en date qui semblent déterminants dans le sens d'une solution à l'engorgement de la capitale, sont certainement le métro et le tramway. Deux projets majeurs qui devraient, à terme, favoriser une culture citoyenne du transport en commun, le transport qui est à la fois rapide, confortable et qui offre aux populations actives une alternative valable à la voiture qu'on ne sait où garer une fois en ville, et aux bus privés sales et usés qui ont façonné le visage matinal des habitants de la capitale, un visage qui ignore le sourire et la bonne humeur. Comme pour les trémies dont des ingénieurs des ponts et chaussées à Alger disaient : « A chaque fois qu'on termine une trémie, le problème du flux automobile se déplace vers une autre commune ; il a fallu donc achever tous les projets pour apprécier et relativiser le résultat », globalement, la gestion des flux automobiles, après la prise en charge de la fluidité de la circulation, se retrouve au cœur de la capitale, dans la lancinante question du stationnement. Et là encore, c'est toute une histoire. LES VOIES DES PARKINGS SONT IMPENETRABLES Nous le savons, des terrains d'assiette pour construire des parkings à étages au cœur de la capitale, ça ne court pas les rues. Cette indisponibilité évidente au centre-ville empêche la construction d'aires verticales de stationnement, dont le nombre est de très loin insuffisant pour abriter ne serait-ce que 10% du parc nocturne, alors que les trottoirs sont squattés par les quatre-roues devant des piétons réduits à leur corps défendant à zigzaguer au gré des passages et des obstacles, jusqu'à fonder la boutade qui consiste à dire que les piétons algérois devraient se doter de cartes grises. Et tandis que des automobilistes finissent par escalader les trottoirs et par boucher la voie piétonne, d'autres automobilistes continuent de sillonner les rues aux alentours des pâtés d'immeubles où ils ont à faire, en espérant y découvrir une place vacante ou une autre en train de se libérer. Dans cette course folle aux places de stationnement, des tonnes de carburant brûlent, et des milliers d'heures, moyennant l'addition du temps perdu pour tous ces passagers, s'envolent comme l'éther avec cette fumée polluante, dans un fracas de rumeur urbaine et de klaxon nerveux. LES PARCMÈTRES, UNE SOLUTION ? Il est à se demander si d'un point de vue juridique, les agents de police qui représentent l'autorité urbaine ont le droit de mettre des sabots sur des voitures mal garées, quand par ailleurs, cette même autorité urbaine est comptable de l'indisponibilité d'aires de stationnement dans la ville. La coercition qui consiste à mettre des sabots sur les véhicules qui transgressent les interdictions de stationnement n'est qu'une façon de gérer les symptômes d'une situation de crise, dont la vocation, d'ailleurs, n'est pas de régler la crise en question. Les parcmètres seraient la solution appropriée et économiquement judicieuse, car non seulement elle permettrait de créer une activité qui sortirait alors de l'informel et du racket, mais contribuerait également à créer des milliers d'emplois permanents pour ces jeunes qui bravent chaque jour le courroux des automobilistes en sollicitant leur argent pour une fonction qui n'est pas reconnue, ni tout à fait efficace et encore moins respectable. Le parcmètre, devenu un mythe en Occident, que les horodateurs ont remplacé, oblige les automobilistes à débourser, chaque heure, un nouveau montant de stationnement. Il suscite par cela un effet propice à une grande rotation des véhicules. FONCTIONNAIRES ET COMMERÇANTS, GARE À VOUS ! Les fonctionnaires s'en soucient moins ; car ils ne peuvent pas être impliqués dans une réalité qui ne les touche et qui ne peut les toucher que par un système de parcmètre visant l'ensemble des citoyens. En revanche, les commerçants peuvent être sensibilisés à cette question du stationnement dans le centre-ville et peuvent être amenés à repenser leur comportement eux, qui, tôt le matin, débarquent les premiers de leurs cités dortoirs et occupent une bonne partie des trottoirs avec leurs véhicules, alors que ce qui reste est pratiquement squatté par des caisses, des escabeaux et autres objets non identifiables à seule fin de réserver la place de stationnement qui pour un ami qui le lui rendra un jour, qui pour un véhicule de livraison qui n'arrive jamais, qui simplement pour garantir la visibilité de son magasin. Pourtant, les commerçants semblent ignorer un détail de taille. En agissant de la sorte, ils contrecarrent leur propre prospérité. Il est vrai qu'au centre d'Alger le commerce est florissant et la situation de la majorité des commerçants est très enviable, mais il est tout aussi vrai que s'il y avait une véritable rotation du stationnement dans ces quartiers, leurs chiffres d'affaires pourraient être triplés, voire davantage. Là les Américains ont raison de dire « no parking, no business ! » Mais que dire, par ailleurs, à nos fonctionnaires qui squattent les places de stationnement 8 heures par jour ? Peut-on leur parler de covoiturage, ou leur demander de se faire déposer et récupérer par un proche ? Difficile de proposer des alternatives quand on ne maîtrise pas les réalités sociologiques et urbaines des catégories professionnelles. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'au rythme d'évolution du parc automobile algérien en général, et algérois en particulier, la capitale comme les autres grandes villes du pays cheminent implacablement vers le point critique. ET SI LA SOLUTION NOUS VENAIT DU METRO ? Et si des parkings à étages étaient construits aux abords du métro dans des quartiers où des terrains d'assiette sont disponibles, comme par exemple à Hussein Dey ? Jusqu'à 20 000 véhicules pourraient y être contenus quotidiennement, l'alternative pour rallier la capitale, pour cette population en escale, étant bien entendu le métro ? Voilà déjà un début de réflexion, puisse-t-elle inspirer ceux qui veulent un jour voir la capitale enfin respirer.