Un vernissage de la taille de l'événement, le hall du palais Malek Haddad, magnifiquement aménagé pour la circonstance, a été réparti en cinq pavillons où les visiteurs ont le loisir de faire un petit voyage dans le monde gigantesque de la musique andalouse. L'exposition retrace de façon chronologique les origines et les influences de la musique andalouse, en parallèle avec ses influences algériennes représentées par les trois écoles : Tlemcen, Alger et Constantine. Outre les photos, les manuscrits et les instruments, l'outil multimédia permet la présentation de vidéos rares et de sons inédits, le public peut ainsi être impressionné par le décor et ravi de voir enfin quelque chose qui sort de l'ordinaire ! Rien que dans le pavillon réservé à l'école de Constantine, tous les cheikhs ou presque sont représentés par une photographie et un texte : Omar Chennoufi, Adelkrim Bestandji, Tahar Benkartoussa, Abdelmoumen Bentobbal, Hadj Mohamed Tahar Fergani, Mohamed Darsouni, Abdelhamid Benelbedjaoui, Khodja Bendjalloul, Abdelkader Toumi, M'amar Benrachi, Brahim Ammouchi. On notera, sans doute pour la première fois en Algérie, la présentation de l'artiste d'origine juive Raymond Leyris. L'universitaire et historien Abdelmadjid Merdaci, chargé de rédiger les textes biographiques sur les artistes constantinois, nous dira d'ailleurs qu'il fallait imposer Cheikh Raymond, car sans lui l'exposition aurait eu un goût d'inachevé. C'est donc dans un tel esprit que cette exposition permet d'apprendre et de découvrir l'authenticité de la musique andalouse algérienne, le génie et l'implication des grands maîtres dans la vie associative et culturelle, essentiellement durant l'occupation française. « C'est un apport immense pour raconter la musique au public. Cela sert à la reconstruction de l'identité algérienne et c'est pourquoi nous avons fait des photographies ou posters sur chaque artiste. L'histoire est celle de trois écoles qui sont certes différentes mais qui ont toutes un passé commun. Nous avons donc réservé pour chaque école un pavillon qui la représente par ses grands maîtres. Nous avons récolté les informations, les photos, les manuscrits grâce aux familles des cheikhs, comme nous avons fait appel à des universitaires pour nous aider à écrire les textes et les biographies. Les gens apprécient la mise en valeur mais il faut dire aussi qu'il y a eu un grand travail qui a été fait sur les textes », nous fait savoir Mme Zahia Bencheikh El Hocine, chef de département patrimoine et chorégraphie au ministère de la Culture. Elle nous révèle également qu'après Constantine l'exposition retournera à Tlemcen où cette fois-ci elle sera hébergée dans la durée au Centre des études de musiques andalouses relevant du CNHPH (Centre national d'histoire et de la préhistoire). Une occasion, dit-elle, pour que l'exposition serve d'outil de travail aux chercheurs, surtout en ce qui concerne les enregistrements et les manuscrits récoltés auprès des familles héritières des maîtres. Mais avant cela, l'exposition Nouba sera encore présentée au public constantinois durant un mois au même lieu. A noter qu'un concert du chanteur de malouf Laib a été organisé en fin de la soirée inaugurale au théâtre régional de la ville.