Les Maliens ont le Premier ministre de transition qu'ils attendaient : Cheick Modibo Diarra, l'astrophysicien de 60 ans qui s'était lancé en politique en mars 2011 en créant le Rassemblement pour le développement du Mali, dans la perspective de l'élection présidentielle d'avril 2012. Il a été nommé, hier, par Dioncounda Traoré, le président intérim. Principales missions : mener le pays à la restauration du pouvoir civil et résoudre la crise dans le Nord. A la faveur du coup d'Etat de mars, les rebelles du MNLA, appuyés par Ançar Dine, ont pris possession de cette région. Le président de Microsoft Afrique depuis 2006 réussira-t-il son pari avec le gouvernement qu'il va former ? Pas évident. Surtout quand on réalise que la nomination intervient peu après l'arrestation à Bamako de plusieurs dirigeants politiques proches de l'ancien président malien Amadou Toumani Touré, comme Soumaila Cissé (chef de l'Union pour la République et la démocratie) et Modibo Sidibé (ex-Premier ministre d'ATT), tous deux candidats à la présidentielle. Une série de questionnement se pose. Notamment sur cette junte qui a mis aux arrêts lundi soir le directeur général de la police, le général Mahamadou Diagouraga, l'ancien ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, et le général Hamidou Sissoko, chef d'état-major particulier d'ATT. « Le moment venu, on dira ce qu'on leur reproche », se complaisent à avancer les militaires qui bien après avoir remis le pouvoir officiellement à Diocounda Traoré, continuent à tirer les ficelles. Les plus prolixes évoquent un coup d'Etat fomenté par ces personnalités. « Le processus du retour à l'ordre constitutionnel est en panne », estime Abdoulaye Diabaté, du Front anti-putsch qui rassemble des partis politiques. « Les putschistes entendent montrer qu'il va falloir compter avec eux », affirment les observateurs précisant que Dioncounda Traoré n'a pas été informé de ces arrestations. La junte a-t-elle décidé de ne pas tenir les engagements qu'elle a pris avec la Cédéao le 6 avril ? A Ouagadougou, cette semaine, elle n'a pas, après deux jours de discussions, signé le document final, ni tranché sur la question de la durée de la transition politique ni le devenir de Dioncounda Traoré après son intérim de 40 jours.