Au cours d'une rencontre, organisée à Alger, sur l'« analyse du renseignement opérationnel au profit de 30 participants venus de 13 pays africains, en collaboration avec la police fédérale allemande (BKA), le directeur du centre, Francisco Caetano José Madeira, a mis le doigt sur les insuffisances et le « sérieux déficit » de plusieurs pays africains en matière de capacité de lutte contre le terrorisme et les crimes connexes qui représentent une « grave menace à l'unité et à l'intégrité des Etats du Sahel ». Les limites se traduisent par l'insuffisance en « officiers de renseignement parfaitement informés » et l'absence de moyens qui influent directement sur l'élaboration d'une stratégie efficiente. « Tous ces éléments, nécessairement indispensables, sont utilisés pour prévoir les menaces terroristes et élaborer les plans d'action pour les juguler », a souligné Madeira. Le grave précédent malien reste de ce fait un cas d'école. Il représente incontestablement le ventre mou du Sahel touché de plein fouet par les effets déstabilisateurs de la crise libyenne qui a favorisé, dans cet « arsenal à ciel ouvert » dénoncé par l'Algérie notamment, la rébellion sécessionniste et le renforcement des groupes armés. Pis, la présence des partisans de Boko Haram au côté du mouvement malien Ansar Dine, inféodé à la nébuleuse El Aqmi régnant désormais en maître absolu sur le Nord malien, renseigne sur la menace terroriste transfrontalière incrustée dans le nouveau sanctuaire sahélien. Le défi est immense. A l'effet de combattre le fléau régional, le CAERT tente d'apporter « une réponse effective » par la formation continue assurée par des experts allemands aux responsables des pays du Sahel et du gouvernement de transition de Somalie et du Nigeria. Pour Madeira, cette démarche « permettra de renforcer nos capacités et mécanismes de sécurité ainsi que nos méthodes de travail et d'améliorer nos aptitudes analytiques pour bien appréhender les évènements qui se produisent autour de nous et contribuer à la lutte régionale contre la terreur et les crimes connexes ». Mais, pour l'ambassadrice d'Allemagne en Algérie, Mme Jutta Wolke, le terrorisme est « un phénomène mondial qui ne pourrait être vaincu que dans le cadre d'une coopération internationale », à l'image de l'Allemagne apportant, depuis 2006, son soutien au CAERT dans le domaine du renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme. 0Elle a plaidé la nécessité d'« échanger des informations et de développer des stratégies communes » et de dispenser des séminaires et formation « afin de développer l'efficacité de chaque service de sécurité dans notre réponse commune au fléau du terrorisme ». L'Afghanisation du Sahel et de l'Afrique subsaharienne : une vue de l'esprit ? De la poudrière libyenne à l'effondrement malien, le terreau de l'Aqmi prépare le 11/9 sahélien aux conséquences désastreuses pour la paix et la sécurité mondiales. Enjeux africains, urgences mondiales.