Le 11 juin 1957, Maurice Audin, un sympathisant de la Révolution algérienne est arrêté par les paras français. Les époux Audin et leurs trois enfants, Michèle, trois ans, Louis, dix-huit mois, et Pierre, un mois, habitaient la rue Gustave Flaubert quand les parachutistes font irruption et emmènent le mari. Ce brillant mathématicien disparaîtra le 21 juin 1957 pour ne laisser aucune trace. Il y a sur ce sujet plusieurs versions qui circulent sans pouvoir convaincre ses amis, sa famille. Pour la version officielle, Maurice Audin se serait évadé le 21 Juin 1957. Un rapport officiel est établi dans ce sens par le Lieutenant Charbonnier, son tortionnaire. Mais elle ne convainc personne. Sous la direction de Pierre Vidal-Naquet, historien, la thèse de la mort sous la torture le 20 juin est mise en exergue. Le Lieutenant Charbonnier est « revêtu d'une cagoule pour simuler une évasion le lendemain dans le but de tenter de rendre crédible et justifier la disparition », dit-on. Jean Delmas, historien, a publié dans la revue « Historia » en février 2007 une version où il parle de « transfert au cours ou au bout duquel le jeune universitaire a été éliminé ». Ce transfert a été assuré par des militaires du 1er REP vers la Villa Susini, en jeeps, sous la direction du lieutenant Charbonnier, le soir du 20 juin 1957. Ils auraient eu un accident de circulation et pensant que l'accident avait été volontairement provoqué pour tenter de le faire évader, le militant communiste « est alors été criblé de 29 balles de pistolet mitrailleur et le corps jeté dans le Ravin de la Femme Sauvage ». Les crimes maquillés en accidents étaient courants, dit-on. Pour d'autres, toutes ces versions sont encore sujettes à caution dans la mesure où des incohérences subsistent. Dans un livre paru en 2008 le tortionnaire Paul Aussaresses avait déclaré ne « rien savoir » sur cette histoire. Avec la disparition des témoins de l'époque comme Bigeard et consorts, seul Jean Marie Le Pen, responsable de la Villa Susini pendant le début de la Bataille d'Alger, pourrait donner des détails sur cette « disparition », disent ceux qui réclament toujours la vérité. Les autorités françaises ont opposé, pour leur part, une fin de non-recevoir à toutes les requêtes, en particulier celle du comité Audin. Son épouse, Josette Audin, avait en 2010 saisi à son tour d'une lettre le Président français pour faire toute la lumière sur cette disparition.