Kamel Bouchama, homme politique, homme de lettres, a assumé de grandes responsabilités dès son jeune âge : responsable national de la jeunesse, commissaire national du parti du FLN, secrétaire permanent du CC du FLN, ministre et ambassadeur. Vous êtes issu d'une formation intellectuelle bilingue. Vous avez visiblement versé dans la recherche historique. Pourquoi ce choix ? J'ai commencé à écrire bien avant que j'occupe des postes de responsabilité. J'ai publié de nombreux articles dans la presse nationale et dans des journaux du Moyen-Orient et je suis auteur d'une douzaine d'ouvrages. Un jour, j'ai décidé de mettre toute cette expérience au profit de la jeunesse. L'écriture de l'histoire est un principe très important pour moi, surtout que nos jeunes ne maîtrisent pas ce volet. Le livre est une expérience plus personnelle, plus individuelle… Le livre occupe une grande place dans ma vie. Le livre est un moyen de communication le plus sûr. Le livre n'est pas une image. Il est figé et on peut le consulter à n'importe quel moment. Dans votre ouvrage, l'histoire est transcendée, quelle place tient la jeunesse dans votre vie ? Je suis un éternel jeune de par mon esprit. Car je n'admets pas les années que je transporte dans mon enveloppe charnelle. Grâce à cet esprit jeune, je n'ai pas de difficulté à communiquer avec cette tranche d'âge. Depuis le recouvrement de notre souveraineté nationale, je pense, sans ambages que nous n'avons pas fait assez pour notre jeunesse. Le peuple que vous peignez, à cette époque de l'histoire est ambitieux et courageux. Pensez-vous que ces qualités ont été transmises à la génération actuelle ? Malheureusement non. C'est dans cette voie que je m'efforce de transmettre toutes ces informations à nos jeunes. Et comme dirait Ibn Khaldoun dans les prolégomènes, l'histoire n'est pas seulement le récit des événements passés, l'histoire a un autre sens. Elle consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits. A ce sujet, je tiens à rappeler que les derniers événements Algérie-Egypte ont démontré la soif de nos jeunes à vouloir mieux connaître notre histoire qui est riche et glorieuse. Pourquoi y a il si peu d'informations sur cette époque précise ? Pauvre de nous. En effet, nous n'avons pas assez d'informations dans le domaine de l'histoire vu qu'on s'est occupé d'autres événements, d'autres priorités. Mais cela n'est pas une excuse justifiable. En tant qu'un ancien responsable d'Etat, je fais ouvertement mon mea culpa. Dans ce récit, on sent un attrait très puissant, un peu nostalgique, pour l'histoire… Je ne pense pas que le terme nostalgique soit l'expression qui sied dans ce contexte. Néanmoins, j'estime que c'est une manière de me justifier auprès de notre peuple, de nos jeunes. C'est tel un sentiment de regret et de culpabilité. Vous avez défendu vos idées qui mettent en exergue le développement continu de notre civilisation. Pouvez-vous revenir sur ce point ? Nos ancêtres les berbères amazighs étaient des porteurs de progrès et non de conflits. C'est un pan de l'histoire que nous avons littéralement occulté et à qui nous avons tourné le dos. Aujourd'hui, il faudrait endiguer à cela en réhabilitant l'histoire. Ambitionnez-vous de sensibiliser particulièrement les jeunes dans l'apprentissage de l'histoire de nos ancêtres qui étaient des hommes de grande culture ? Foncièrement et dans la mesure du possible. Ce livre vient à point nommé expliquer que nos ancêtres les berbères ont élevé un peuple de culture. C'est cette épopée, je m'autorise à la qualifier de glorieuse, que je raconte dans cet ouvrage avec un honnête sentiment de partage. Votre livre est très complet, il se propose de résumer notre histoire de l'époque de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader. Quel regard portez-vous sur l'enchaînement des événements après la période de 1911 ? Il est convenable de dire que les événements qui se sont succédés après 1911 ne peuvent être que la continuité des événements qui ont précédé. En somme, mon ouvrage retrace l'histoire des berbères qui ont volé au secours de leurs frères du Moyen-Orient qui ont combattu pour l'Islam qui sont restes là bas, perpétuant ainsi leurs traditions et leurs cultures. C'est ce même peuple qui a perpétué ses contacts avec le grand Ec-Shâm. Dans vos projets d'écriture, avez-vous déjà un sujet d'inspiration ? Il y a trois ouvrages que je compte publier incessamment. Deux ouvrages sont déjà achevés et un autre est en chantier. Il s'agit de, «Les affaires étranges», «Un exil fécond» et le troisième est un portrait que je dresse d'un grand homme, Ahmed Kaïd. Un voeu… Je souhaite que les profondeurs de l'histoire et de cette belle région du Moyen-Orient nous lègue les chefs d'œuvres de nos ancêtres. J'espère également que cet ouvrage puisse être largement diffusé en vue d'éclairer l'opinion publique sur des faits concrets.