La France retient son souffle jusqu'à ce soir pour connaître qui des deux prétendants à la fonction suprême, Nicolas Sarkozy ou François Hollande, remportera la grande bataille. Les opérations de vote ont débuté, hier, pour les Français d'outre-mer et vivant sur le continent américain. Après quatre semaines de campagne officielle - mais plusieurs mois passés par les candidats sur le terrain et dans les médias -, quelque 45 millions de Français sont appelés à élire leur nouveau chef de l'Etat, pour la 9e fois de l'histoire de la Ve République (la première en 1965). Au premier tour, le 22 avril, François Hollande est arrivé en tête (28,63% des suffrages) devant Nicolas Sarkozy (27,18%). Le candidat du Parti socialiste (PS), favori des sondages, aborde le scrutin avec confiance pour ramener la gauche à l'Elysée dont elle est absente depuis 17 ans. Mais avec 52% des intentions de vote contre 48% pour son rival de l'Union des mouvements populaires (UMP), l'écart entre les deux hommes s'est réduit à son plus faible niveau depuis le début de la campagne. Néanmoins, quelle que soit l'issue du scrutin, le président sortant aura réussi là où les grands ténors de la gauche ont échoué : affaiblir la droite gaulliste incarnée par l'UMP. Contrairement à François Hollande qui a rassemblé, sous sa bannière, l'ensemble des courants de gauche, allant jusqu'à s'offrir le précieux soutien de François Bayrou, ex-candidat du centre, patron du Modem, pourtant de tradition gaulliste, Nicolas Sarkozy, lui, n'a fait l'objet d'aucun appui parmi les candidats du premier tour. Encore moins celui de l'extrême-droite à qui il n'a cessé de faire les yeux doux, en radicalisant davantage ses positions sur des sujets sensibles tels que l'immigration, les frontières, l'islam. Mais en vain. La nouvelle « marraine » du Front National, Marine Le Pen, a appelé à voter blanc cherchant à sonner le glas d'une UMP à bout de souffle. Regonflée à bloc grâce à sa troisième place au premier tour, la dame de fer du FN affiche de grandes ambitions : conquérir le parlement lors des prochaines législatives, mais aussi et surtout, se poser comme le principal représentant de la droite face au PS. L'idée faire craindre le pire à la famille politique de Nicolas Sarkozy, ébranlée jusque dans ses fondements. Le constat est là. Sans appel. La cartographie politique aura à vivre un profond chambardement.