Le « nouvel Irak », présenté en modèle de liberté et de démocratie, se consume à petit feu dans la guerre confessionnelle et communautaire. Exemple à l'appui, le bras de fer incessant entre le Premier ministre chiite, Nouri El Maliki, et le vice-président sunnite, Tarek El Hachémi, visé par la « notice rouge » délivré par Interpol pour une éventuelle extradition. Ce dirigeant influent du bloc rival El Irakia est accusé, avec certains membres de sa garde rapprochée, de contribuer au financement des « attaques terroristes ». Il est poursuivi pour le meurtre de six juges et de plusieurs hauts responsables, dont le directeur général du ministère de la Sécurité nationale et un avocat. La cavale de Tarek el Hachémi qui l'a mené d'Irbil à la destination finale turque, en passant par le Qatar et l'Arabie Saoudite, prendra-t-elle fin lors du procès par contumace prévu le jeudi 10 mai ? En conflit depuis des mois avec le Premier ministre irakien, accusé d'autoritarisme, le dirigeant sunnite qui se dit victime d'une chasse aux sorcières, revendique un jugement équitable et la garantie de la sécurité. Tout en déclarant ne pas être « au-dessus des lois », le vice-président irakien estime qu'il s'agit depuis le début d'« un problème politique » auquel il faudrait apporter « une solution politique ». Il a ajouté, convaincu de son innocence, que « si un procès équitable est possible, non politisé, et que des garanties sont fournies pour ma sécurité et mes droits constitutionnels, je comparaîtrai devant n'importe quelle cour, même à Baghdad ». Le feuilleton de Tarek El Hachémi intervient au moment où la question « identitaire » de Kirkouk se pose avec acuité. Elle a rebondi à la faveur de la tenue de la réunion du gouvernement dans cette ville qui fait l'objet, de longue date, d'un conflit entre les autorités fédérales et la région autonome qui s'oppose, outre le litige territorial, sur la répartition des revenus pétroliers. Dans un communiqué retransmis par la télévision, le Premier ministre a affirmé l'« identité irakienne » de Kirkouk aux communautés irakienne, kurde, arabe, turkmène, chiite, sunnite et chrétienne indiscutables. « Il n'existe aucun privilège pour une communauté sur une autre. Cette province demeurera dans cette situation politique, sociale et économique comme un microcosme de l'Irak et un exemple d'existence pacifique », nsiste-t-il. Ce dossier est considéré comme l'une des principales menaces pesant sur la stabilité de l'Irak, surtout dans le cas où le Kurdistan de Massoud Barzani viendrait à mettre en exécution la menace de la proclamation unilatérale de l'indépendance kurde.