Interpol a annoncé hier la diffusion internationale d'une demande d'arrestation en vue d'extradition, à la requête de l'Irak, à l'encontre du vice-président irakien en fuite, Tarek al-Hachémi, soupçonné d'avoir «financé des attaques terroristes» dans le pays. L'intéressé, dont le procès par contumace doit commencer demain à Baghdad, a, pour sa part, indiqué dans un communiqué ne pas être «au-dessus des lois» et s'est dit prêt à comparaître devant un tribunal à condition que sa sécurité et un procès équitable soient garantis. M.Hachémi, l'un des leaders sunnites les plus en vue du pays, est l'un des dirigeants du bloc laïque Iraqiya, en conflit depuis des mois avec le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, accusé d'autoritarisme. Il estime être l'objet dans ce contexte d'une chasse aux sorcières à visées politiques. L'organisation policière internationale, basée à Lyon (centre-est de la France), demande à travers une «notice rouge» l'aide de ses 190 pays membres pour «localiser et arrêter» Tarek al-Hachémi, objet d'un mandat d'arrêt depuis décembre 2011 et qui se trouvait début mai en Turquie. «Cette notice rouge d'Interpol à l'encontre de Tarek al-Hachémi va réduire considérablement ses capacités à voyager et franchir les frontières internationales. C'est un outil puissant qui va aider les autorités dans le monde à le localiser et à l'arrêter», a déclaré le secrétaire général d'Interpol, Ronald K.Noble, dans un communiqué. Pour M.Noble, «cela démontre également l'engagement des autorités irakiennes à travailler avec les forces de police mondiales, via Interpol, pour interpeller des individus accusés de crimes graves». «Il s'agit depuis le début d'un problème politique et nous attendons une solution politique», a pour sa part indiqué M.Hachémi dans un communiqué sur son site Internet hier. «Je respecte la justice (irakienne) et je ne suis pas au-dessus des lois», indique-t-il. «Si un procès équitable est possible, non politisé, et que des garanties sont fournies pour ma sécurité et mes droits constitutionnels, je comparaîtrai devant n'importe quelle cour, même à Baghdad, car je suis certain de mon innocence», ajoute-t-il. Le dirigeant précise qu'il était sur le point mardi (hier) de revenir à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, mais a changé d'avis après en avoir été prié par certains hommes politiques irakiens dont il ne précise pas l'identité. Prévu jeudi 3 mai devant la Cour criminelle centrale d'Irak, le procès de Tarek al-Hachémi, jugé par contumace pour meurtres, a été reporté au 10 mai, ses avocats ayant demandé qu'il se déroule devant une juridiction spéciale. Le vice-président irakien et certains membres de sa garde rapprochée sont poursuivis pour le meurtre de six juges et de plusieurs hauts responsables, dont le directeur général du ministère de la sécurité nationale et un avocat. Après avoir trouvé refuge mi-décembre auprès des autorités de la région autonome du Kurdistan irakien qui ont refusé de le livrer à la justice de Baghdad, il a fui au Qatar, puis en Arabie Saoudite et en Turquie. Tarek al-Hachémi se trouvait vendredi à Istanbul, où il a déclaré qu'il éprouvait «un grand manque de confiance en la justice» de son pays et justifié sa fuite en affirmant que sa vie était «en danger» à Baghdad.