A charge pour l'Etat de s'occuper des charges sociales. A titre d'exemple, la moitié du salaire des universitaires et les exonérations fiscales pour les entreprises sont assurés par l'Etat. Cette loi, au début, bien accueillie par tout le monde, ne semble plus être du goût des jeunes à la recherche d'un emploi car, l'expérience aidant, ils trouvent que les employeurs détournent à leur seul profit les avantages de cette décision étatique. « De nombreux responsables d'entreprise privilégient une main-d'œuvre docile et bon marché qui ne revendique aucun droit. Les patrons préfèrent ce genre d'employés. Les autres, ceux qui demandent le respect de la réglementation, finissent toujours par être mis à la porte pour des motifs souvent fallacieux, sans même une autre chance de retrouver un emploi dans les mêmes conditions ou même de refaire leur requête », explique ce jeune mis au chômage une année après son recrutement. Une situation que confirme la direction de l'emploi qui signale que 25% seulement des employeurs oranais respectent la réglementation en accédant à la titularisation de leurs jeunes travailleurs. Concernant le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP), certains employeurs sont plus tordus. Non seulement ils profitent de ce mécanisme pour employer une main-d'œuvre qu'ils ne paient pas, puisque c'est l'Etat qui sort le porte-monnaie, mais en plus, ils s'empressent de s'en débarrasser après avoir profité, durant toute une année, de ces bras « gratuits » payés par le DAIP. Les recruteurs usent de ce stratagème pour faire appel de nouveau à l'Anem afin d'engager d'autres demandeurs qui attendent dans le cadre du dispositif. L'objectif de ces employeurs est double : profiter de la gratuité de la main-d'œuvre et des exonérations prévues par la loi. Cette prise en charge par l'Etat a, donc, bizarrement, ouvert les portes à toutes les exploitations. Ainsi, selon les bilans faits par la direction de l'emploi, sur plus de 27.000 jeunes employés dans le cadre du DAIP, un peu plus de 1.200 seulement ont eu des contrats de travail, même si ce sont des contrats d'attente (CTA). Les autres, même si le dispositif leur est destiné, se retrouvent de nouveau au chômage. A relever que depuis 2006, près de 70.000 postes de travail ont été offerts par les différentes formules du DAIP. Mais selon les pratiques en vigueur à Oran et que se relaient presque tous les employeurs privés, poste de travail ne veut pas dire forcèment poste permanent. Une année gratuitement et puis s'en vont, est la formule qui sied. En 2011, le nombre de demandes d'emploi déposées au niveau des différentes agences de l'Anem a dépassé les 123.000. LA ZONE INDUSTRIELLE D'ARZEW EN EBULLITION Bien plus grave que ces constats, il en est un autre qui risque, s'il n'est pas pris en charge à temps, de porter un coup à l'ordre public et à la quiétude sociale. Il s'agit des recrutements qui ont cours dans la zone industrielle d'Arzew où se activent de nombreuses sociétés étrangères, outre les structures de Sonatrach et les complexes GNL ou d'ammoniac. Depuis quelque temps, il ne se passe pas une semaine sans que des jeunes d'Arzew, de Bethioua, Marsat-el-Haddjadj... ne montent au créneau pour dénoncer les « douteuses pratiques d'embauche » qui ont lieu au sein des entreprises qui activent dans cette daïra, distante d'une cinquantaine de kilomètres d'Oran. Selon les protestataires, dont certains sont des chômeurs en quête d'emploi, alors que d'autres sont des ex-embauchés qui ont vu leurs contrats arriver à terme sans possibilité de renouvellement, « les choses ne se passent pas du manière confome à la loi algérienne. Les entreprises recrutent selon des critères douteux. Sinon, on ne comprend pas pourquoi les candidatures des chômeurs de la région ne sont que rarement acceptées alors qu'ils sont censés être prioritaires. Les employeurs recrutent, huit fois sur dix, des gens étrangers à la wilaya alors que le chômage lamine la région ». Aussi, la vigilance et l'intervention de la puissance publique sont-elles exigées pour ne pas nourrir de douteux printemps dont la région se passerait volontiers. Selon une dizaine de jeunes postulant à la création de PME/PMI que nous avons rencontrés faisant le pied de grue devant le siège de l'Ansej, il leur devient de plus en plus hypothétique de créer leurs entreprises alors même qu'ils répondent à tous les critères, certains ayant même loué des locaux, une condition exigée lors de la constitution des dossiers. « Ne croyez pas tout ce que les responsables vous disent. Les chiffres qu'ils nous envoient à la figure sont surestimés pour plaire à leurs responsables. Sur le terrain, pour espérer sortir des griffes du chômage en créant sa propre petite entreprise, il faut non seulement se lever aux aurores, mais également se plier à moult exactions. La bureaucratie et la corruption sont les véritables terrorismes qui guettent la jeunesse algérienne », lance cet étudiant.