L'ère du changement, impulsé par l'avènement d'Obama, a connu ses limites. Il est vrai que la mutation du système de gouvernance en rupture avec le racisme et le communautarisme a été porteuse d'espoir vécu par la société internationale qui rêvait alors de changement dans la gouvernance mondiale. Les raisons de croire au renouveau reposaient sur la nouvelle vision privilégiant le dialogue, la coopération et le traitement équilibré des grandes crises aux antipodes de la logique de la force brutale et des fondements discriminatoires de la politique de conquête impériale. Le nobélisé Obama avait tout pour séduire dans son projet rassembleur qui invitait, par delà l'héritage désastreux de son prédécesseur, à poser les jalons d'une dynamique de rapprochement politique et civilisationnelle. Il n'en fut malheureusement rien pour l'homme qui a réussi à faire changer l'Amérique sans parvenir à le faire, intérêt stratégique oblige, pour le monde de toutes les injustices et des frustrations. Dans le cas du conflit du Proche-Orient, les promesses de changement, pourtant conforme à la légalité internationale, et l'amorce d'une approche plus équilibrée, fondée sur l'impartialité, n'ont pas longtemps résisté à la toute-puissance de l'extrémisme politico-religieux au pouvoir en Israël et au lobby juif incarné par l'AIPAC. Le règlement définitif du conflit du Proche-orient avant la fin du premier mandat ? Un vœu pieux pour les observateurs les plus optimistes. Tant le décalage entre la profession de foi et la triste réalité est aujourd'hui frappant. Au jeu de l'ambivalence, l'Amérique d'Obama a encore perdu de sa crédibilité dans la gestion inchangée de la crise nucléaire iranienne. Dans le fond, l'exception israélienne frappe de nullité la démarche à double vitesse qui tend à la diabolisation de Téhéran. Elle reproduit fondamentalement la même approche sectaire de « l'axe du mal » visant les Etats récalcitrants et les forces de la résistance à l'hégémonie américano-israélienne. Preuve en est le profond embarras d'Obama rejetant l'accord tripartite de « la dernière chance » qui reproduit dans ses grandes lignes la proposition américaine énoncée en Octobre dernier. Plus est, ce « pas en avant » qui a suscité un large satisfecit de la communauté internationale a été conclu par deux Etats émergeants, d'Asie et de l'Amérique Latine tous deux membres non permanents du conseil de sécurité, et, pour le cas de la Turquie, membre de l'Otan. Au mépris du consensus international, Washington qui se prévaut du soutien de la Chine et de la Russie est davantage fragilisé dans sa volonté d'imposer la solution coercitive fondée sur l'approfondissement de l'éventail des sanctions onusiennes. Mais, le vent de la déstabilistion régionale aux portes de Pékin et de Moscou, par effets conjugués de la crise de la péninsule coréenne et des missiles Patriot installés en Pologne, laisse à penser que les enjeux sont étroitement liés au projet de domination impériale qui a changé d'acteurs sans changer de scénario. L'affaire des missiles comme celle du torpillage du navire sud-coréen, attribué sans preuves tangibles à Pyongyang, s'interprète, à juste titre, comme des menaces sérieuses contre « la stabilité régionale», selon Medvedev, porteuses de germes de conflagration incontrôlée. L'ère naissante d'Obama, tournant le dos à une approche multilatérale des questions internationales, relance de plus belle la guerre froide dans les régions les plus chaudes.