Les Tunisien,s qui ont « dégagé » le régime de Ben Ali, découvrent, malgré eux, des coups d'éclat des zombies d'un autre âge qu'ils perpétuent au nom de l'Islam pour marquer les esprits. Pas un jour ne passe sans qu'un poste de police ne soit incendié ou un débit de boissons attaqué. Abdessatar Ben Moussa, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, et Mokhtar Trifi, son prédécesseur, mettent en garde contre ces « groupes violents hors la loi qui propagent la terreur », « menacent les libertés » et « interdisent » à la police de les interpeller. « Les organismes de sécurité sont prêts à faire face à tout acte de vandalisme et de violence. Nous imposerons l'application de la loi et ceci pour l'intérêt de tous », déclare Ali Laârayedh, le ministre de l'Intérieur, après l'incendie la semaine passée à Sidi Bouzid, la ville d'où a été allumée l'étincelle de la Révolution tunisienne qui a déclenché le printemps arabe, d'un dépôt d'alcool par des Salafistes. Said Mechichi, le secrétaire d'Etat de l'Intérieur chargé de la Réforme, met en garde contre toutes formes de violences. « La loi sera appliquée contre toute atteinte à la sécurité et au bien-être des citoyens », prévient-il, qualifiant les derniers actes des Salafistes dans les gouvernorats de Jendouba, Mahdia et du Kef, (nord-ouest de la Tunisie), de « très dangereux ». Première riposte du gouvernement : arrestation d'une quinzaine de personnes. Notamment parmi ceux qui ont incendié samedi des bars à Jendouba et le commissariat central et des postes de police de Ghardimaou. Les policiers tunisiens qui n'ont pu affronter les « centaines » de Salafistes, (500 selon l'agence tunisienne), qu'avec l'appui des unités de l'armée, fustigent « la passivité » des autorités politiques. Pour faire face à ce mouvement dont certains ont fait l'Afghanistan, ils réclament la possibilité d'utiliser « tous les moyens dissuasifs ». Des personnalités de la société civile et de l'opposition dénoncent le « laxisme » du gouvernement qui serait tiraillé en faucons et colombes. Même si le ministre de la Justice Nourredine Bhiri répète à l'envi depuis une semaine que « la promenade » est terminée pour les Salafistes. Au Parlement, des groupes parlementaires appellent le gouvernement à enquêter sur « les financements internes et externes » de ce mouvement qui veut « l'application de la charia ». Dans les médias, certains évoquent le spectre d'une « guerre civile ». D'autres s'interrogent sur le sens à donner à l'appel lancé par Habib Boussarsar, un prédicateur, à tuer l'ancien Premier ministre du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi. On lui reprocherait son « intention » d'annoncer début juin le lancement d'un parti « démocratique » et moderniste » capable de faire contrepoids aux islamistes. Les opérateurs économiques qui attendaient une reprise touristique, redoutent de voir ces « actes » se reproduire dans les autres villes (Sousse, Hammamet, Djerba, Monastir, Nabeul et Taberka). Certains sont convaincus que la reprise n'aura probablement pas lieu. Surtout après les consignes des pays occidentaux à leurs ressortissants.