Des membres du bureau national sont montés au créneau pour introduire des mesures destinées à « corriger » le parcours du parti, après l'échec cuisant lors des législatives du 10 mai, et aussi appeler à la réunification de tous les cadres « exclus arbitrairement » du parti et « marginalisés sans fondement ». C'est ce que nous a indiqué, hier, Abdelkader Drihem, membre du bureau national. La première mesure consiste en l'organisation, le mois de juin prochain, du congrès extraordinaire. La date aurait été décidée hier lors de la réunion du conseil national. La seconde mesure pousse au retrait de confiance à Moussa Touati. Mais pour comprendre ce mouvement au sein du FNA, il faut revenir un peu en arrière. Les présidents des bureaux de wilayas des régions du Centre, Est et l'Ouest du pays se sont réunis la semaine dernière. Ils ont mentionné la mauvaise gestion des affaires du parti durant les cinq dernières années. Un check-up « négatif », soutient notre interlocuteur, a été établi lors de cette réunion. Il a été mis en avant, entre autres, la décision relative à la confection des listes électorales, goutte qui a fait déborder le vase, dont les têtes de listes ont été contraintes de s'acquitter d'importantes sommes allant jusqu'à 500 millions de centimes, alors qu'aucune règle ne prévoit cette pratique. Raison pour laquelle les contestataires ont tenu à revoir les comptes du parti, bancaires et postaux. Pourquoi avoir attendu ce moment pour lancer ce mouvement ? « Il est vrai, confie notre interlocuteur, que la décision de passer à l'acte a été prise avant le déroulement des élections. Mais pour préserver la sérénité du parti à la veille de cet important rendez-vous, nous avons jugé utile de reporter notre initiative au lendemain des joutes ». Que pense Moussa Touati de tout cela ? Pour le leader du FNA, c'est un « non-événement ». Ce ne sont que des arrivistes qui ne cherchent que leurs intérêts personnels. « Ils veulent dérailler le FNA de sa ligne de conduite, à savoir un parti d'opposition », a-t-il indiqué. Et de renchérir : « Ce sont des gens qui n'ont rien à voir avec la moralité. Ils sont venus d'ailleurs, du RND principalement ». Pour ce qui est du congrès extraordinaire, Moussa Touati a tenu à souligner que c'est lui qui a appelé à sa tenue le 21 juin. Autre parti, le Front des forces socialistes (FFS). Deux clans se querellent. L'un se dit favorable à la « normalisation du parti ». Qui dit normalisation, dit participation au gouvernement, après avoir pris la décision de prendre part aux élections. Le clan opposé rejette « tout processus de normalisation ». Ferhat Hamid est président de l'APW de Bejaia, cadre du FFS et l'un des rédacteurs de la missive envoyée au président du parti, Hocine Ait Ahmed, dans laquelle ils l'ont interpellé pour prendre des « mesures urgentes, utiles et nécessaires à même de rétablir et de consolider la confiance entre notre parti et la population ». Interrogé sur cette question, il a refusé d'exprimer son opinion, allant jusqu'à soutenir que « rien ne se passe au FFS ». Une militante, qui a requis l'anonymat, a indiqué que les « déboires du FFS » ont commencé quand celui-ci a décidé de participer aux élections. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité. La situation s'est aggravée lors de la confection des listes électorales, où la majorité des candidats n'étaient pas forcément des militants du parti, avant que la situation ne devienne insupportable quand « nous avons constaté qu'aucune déclaration n'a été faite sur la manière avec laquelle se sont déroulées les élections pourtant entachées de cas d'irrégularité flagrants. Nous avons alors conclu qu'il pourrait y avoir de la complicité dans l'air », a-t-elle expliqué. A partir de là, ajoute notre interlocutrice, « nous avons décidé de saisir le Président, ce qui est de notre devoir de militants, sur le danger qui pèse sur le parti dont la ligne politique est plus que jamais menacée ». Le Rassemblement national démocratique (RND) n'est pas en reste. Le parti d'Ahmed Ouyahia fait face, à un degré moins intense, à un mouvement de « redressement » mené par la présidente de l'Union nationale des femmes algériennes et néanmoins membre fondatrice du parti, Nouria Hafsi. Tout en qualifiant l'actuel secrétaire général de « despote » allergique à « tout débat démocratique », elle a souligné qu'une « démarche globale » et un « mouvement d'une grande envergure » se prépare au cas où la direction actuelle ne prend pas en considération l'une des principales revendications du mouvement, en l'occurrence la tenue d'un congrès extraordinaire. A cela, il faut ajouter la crise qui couve depuis des mois au Front de libration nationale (FLN). Le bras de fer opposant les dissidents à la direction actuelle n'a pas encore livré toutes ses conclusions. La réunion de son comité central, le mois prochain, risque d'être explosive.