Les dissidents du Front national algérien (FNA) reviennent à la charge. A quatre jours de la tenue du congrès «ordinaire» du parti convoqué par Moussa Touati, ses opposants (des députés et des membres du bureau national) ont tenu hier à Djelfa une rencontre qui a abouti au retrait de confiance à Moussa Touati et l'installation d'une commission provisoire chargée de préparer le congrès extraordinaire auquel ils ont appelé. Une demande d'autorisation dans ce sens a été adressée au ministère de l'Intérieur. Le président du Front national Algérien (FNA), Moussa Touati, estime que ces derniers ne représentent qu'eux-mêmes «du moment que ce sont des gens qui représentent une minorité». «Ils ne veulent que défendre leurs intérêts. Ce sont des gens exclus du parti ou qui se sont portés candidats sur d'autres listes lors des législatives», attaque Moussa Touati dans une déclaration au Temps d'Algérie. C'est un groupe d'intérêt» qui veut outrepasser, selon lui, les statuts du parti. Notre interlocuteur évoque une note interne du FNA qui stipule que les candidats classés 2e et 3e sur les listes du parti aux législatives et qui n'ont pas pu être élus sont interdits de candidature pour les élections locales. «D'où leur acharnement à vouloir transgresser les statuts du parti en voulant la tenue d'un congrès extraordinaire», explique Touati, affirmant que les préparatifs pour le congrès «se déroulent normalement». Ses opposants, parmi eux Mohamed Brahimi, membre de la commission de discipline du FNA, soutiennent le contraire. «Nous nous réunissons aujourd'hui (hier, Ndlr) à Djelfa pour retirer notre confiance à Moussa Touati», déclare M. Brahimi au Temps d'Algérie, avant de préciser qu'il n'est plus possible au parti de fonctionner dans les conditions «imposées» par Touati, auquel d'ailleurs ses détracteurs demandent des comptes. «La majorité est avec nous. Nous allons retirer notre confiance à Touati, ensuite nous procéderons à l'installation d'une commission provisoire qui se chargera de la préparation du congrès extraordinaire du parti», ajoute notre source, non sans préciser au passage que le ministère de l'Intérieur a été saisi à cet effet. «80% des gens qu'il a convoqués pour son congrès du 21 juin sont avec nous. Nous avons regroupé 600 à 700 personnes aujourd'hui dont la majorité est composée des responsables des bureaux de wilaya, des membres du bureau national et du conseil national», soutient M. Brahimi, ajoutant que le congrès ordinaire du FNA est prévu légalement pour le mois de décembre prochain. «Une infraction aux règlements et statuts du parti», avance Brahimi qui accuse Touati, saisi pour la tenue d'un congrès extraordinaire de vouloir précipiter les choses «pour nous devancer». «Nous avons saisi le ministère de l'Intérieur le 3 juin pour la tenue d'un congrès ordinaire du parti», reconnaît Moussa Touati qui avouera qu'aucune réponse n'est parvenue du ministère qui, selon lui, n'est regardant que «sur la conformité de notre démarche». En cas de non réponse, Touati compte saisir «la chambre administrative». Le fait d'avoir avancé le congrès est conforme aux statuts du parti, selon Touati. «Nous l'avons avancé de quelques mois pour préparer les prochaines échéances électorales», justifie-t-il. Il affirmera que la convocation d'un congrès extraordinaire relève des prérogatives du président du parti ou de la demande de 2/3 des membres du conseil national, «ce qui n'est pas le cas», fait remarquer Touati. Ses détracteurs comptent reprendre les rênes du parti. Ils n'attendent que l'aval du ministère. Entre-temps, ils demandent des comptes à Touati et la restitution des fonds versés par les candidats du FNA dans le cadre des élections du 10 mai. Affaire à suivre.