Le site choisi par Bologhine, pour fonder El-Djazaïr Béni Mezghenna, correspond exactement à l'emplacement de l'antique cité romaine d'Icosium (l'île aux mouettes), dont ne subsistent que des ruines éparpillées dans un vaste champ, et qui font partie du territoire occupé par les tribus sanhadjiennes. « Au milieu des Senhadja, affirme l'historien, vivent plusieurs peuplades ayant les mêmes origines qu'eux et dont la prospérité habite encore les territoires où leurs ancêtres ont demeuré. Parmi ces peuplades, figurent les Béni Mezghenna, dont les limites territoriales sont difficiles à préciser ». Il se contente d'affirmer que la cité Béni Mezghenna occupe toute la zone du Sahel d'Alger ainsi qu'une partie des plaines de la Mitidja. « L'emplacement offre les meilleures conditions pour l'établissement d'un douar. L'eau coule à profusion et ses murs d'enceinte, même partiellement ruinés, offrent une excellente protection contre les bêtes sauvages et des groupes de maraudeurs. Ainsi naît, en 960, la ville berbère d'El-Djazaïr Béni Mezghenna ». Au début du XVIe siècle, les Espagnols ayant pris la citadelle, les frères Barberousse délivrent la ville. L'ainé Arroudj s'y installe tandis que son frère Kheirredine se fait reconnaître chef de la régence d'Alger par Constantinople (...). Les Ottomans qui sont charmés par la beauté de Bologhine, construisent des résidences d'été de Deys ainsi que certaines représentations diplomatiques, telles que les consulats de France, des USA, de Belgique et d'Angleterre. « Dans les premiers temps de la conquête française, la commune de Bologhine, zone du littoral, 9 km entre mer et montagne, est administrativement rattachée au centre de la Pointe Pescade, dont M. Louis De Villalbas est maire en 1845 », souligne Farid Salhi, élu municipal. « Bologhine, poursuit-il, est baptisé Saint-Eugène, en hommage au Comte Eugène Guyot, directeur civil d'Alger, de 1839 à 1844 ». Un nom qui s'étendra à l'ensemble de la cité lorsque celle-ci devient, par arrêté du 14 septembre 1870, une commune de plein exercice. « A l'époque, on recense 728 français (Israélites compris), 318 étrangers et 409 autochtones, soit un total de 1.455 personnes » souligne-t-il, sur la base des données d'Edouard Nocchi. La délimitation du territoire de Bologhine avec les communes limitrophes s'effectue en 1871 et 1872. Parmi les changements notables que les autorités françaises ont apportés à la cité, se trouve l'éclairage au gaz dont se dote Bologhine, jusque-là éclairé au pétrole. En janvier 1892, la ligne des « Tramways à vapeur » reliant Castiglione à Ain Taya est déclarée d'utilité publique. La traction à vapeur est remplacée par la traction électrique, le 5 novembre 1896, pour cause de pollution. Une ligne qui ne sera réellement exploitée que dans les années 1930... Mais la belle réalisation qui demeure, à nos jours, une attraction, est sans conteste, le stade municipal de Saint-Eugène, dont les travaux ont débuté en 1935. « Son architecture fait de lui l'un des plus beaux stades de son époque ». L'année 1959 marque la fin administrative de l'identité saint-eugenoise puisque la commune devient en mars, le 6e arrondissement du Grand Alger. Cette période est marquée par la construction partielle de la jetée, qui aurait permis d'acheminer par mer le ciment de Laffarge dans le Constantinois, n'étaient les événements de la guerre d'Algérie qui allaient précipiter le départ des Français. A l'indépendance du pays, le stade Saint-Eugène est repabtisé Bologhine. En 1998, il est, de nouveau, rebaptisé Omar Hamadi, en hommage à un ancien dirigeant du club de l'USMA, révolutionnaire de la première heure, décédé trois ans plus tôt.