La Libye reprend les devants de l'actualité à l'approche de l'élection de l'Assemblée constituante, l'instance qui aura à élaborer un projet de la nouvelle Constitution et former un nouveau gouvernement qui gérera les affaires du pays pour une durée d'un an. Prévue le 19 de ce mois, cette élection, la première depuis plus de 40 ans, est reportée au 7 juillet prochain pour « des raisons purement techniques » et « donner le temps aux candidatures rejetées de faire appel », selon Mohamed Al-Harizi, porte-parole du gouvernement de transition. Le déficit sécuritaire ne serait pas étranger à ce report. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le CNT peine à imposer son autorité aux anciens rebelles. Résultat de cette absence d'autorité de l'Etat : au moins vingt-trois personnes ont été tuées et des dizaines blessées en deux jours de combats entre la tribu des Toubous et des forces liées à l'armée libyenne dans l'oasis de Koufra, à 1.100 km au sud de Tripoli, près de la frontière avec le Tchad et le Soudan, où les militaires libyens se sont déployés en février pour tenter d'apaiser les rivalités entre les tribus Toubou et Zwai. Selon le médecin toubou, Taher Wehli, cité par plusieurs médias, 20 personnes de sa tribu ont été tuées, « dont des femmes et des enfants ». Issa Abdelmajid, le chef des Toubous qui fait état de 28 morts et de bombardements contre les quartiers toubous de la ville avec des roquettes et des obus, demande aux Nations unies de « faire pression sur le Conseil national de transition pour lever le siège sur les Toubous » qui font face, selon lui, à un « plan d'extermination ». Wissam Ben Hmid, le commandant de la brigade Bouclier de la Libye, évoque trois morts parmi ses hommes et douze blessés. Ces affrontements entre l'armée libyenne et des milices tribales ne sont pas les premiers. Ils sont quasiment réguliers depuis ceux de février et avril. Notamment au Sud où se joue une lutte pour le contrôle de la contrebande. Koufra n'est-elle pas un passage pour les trafics en tous genres : drogue, alcool, cigarettes, contrefaçon, immigration clandestine ? Depuis peu, il est quasiment impossible de distinguer les miliciens, des djihadistes ou des partisans de Kadhafi. Pas seulement au Sud mais aussi à Benghazi et Tripoli. LA CPI NEGOCIE LA LIBERATION DE SES MEMBRES Une délégation de la Cour pénale internationale est arrivée hier en Libye pour négocier la libération de ses membres détenus depuis jeudi à Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli. Ils sont accusés d'espionnage et de « communication avec l'ennemi ». Un d'entre eux (l'avocate australienne Melinda Taylor arrêtée en compagnie de son interprète libanaise, Helen Assaf) a tenté d'échanger des documents avec Seïf al-Islam, selon les Libyens précisant que les deux autres (un Russe et un Espagnol) sont en prison de leur propre gré. Selon le commandant de la brigade de Zenten, Me Taylor avait en sa possession une lettre de Mohamed Ismaïl, ex-bras droit de Seïf al-Islam et actuellement en fuite, une feuille blanche portant la signature du fils Kadhafi et une lettre non signée adressée à la CPI dans laquelle il assure qu'il n'y a pas « pas de gouvernement ni de loi en Libye » et qu'il est « maltraité ». Seïf al-Islam est visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis pendant la répression de la révolte populaire. Les autorités libyennes, qui souhaitent juger chez eux le fils du dirigeant déchu, ont déposé le 1er mai une requête contestant la compétence de la CPI pour poursuivre le seul fils de l'ancien dirigeant à être détenu en Libye. Outre la CPI, les autorités libyennes doivent aussi convaincre les responsables de Zenten de leur livrer Seïf al-Islam si elles entendent le juger.