L'Union africaine, qui a annoncé la saisine du Conseil de sécurité pour obtenir le quitus qui lui permettra d'intervenir militairement au Mali, sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies, passe à l'acte. Djibrill Bassolé, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, dont le pays assure, à la demande de la Cédéao, la médiation, sera cette semaine à New York, au siège du Conseil de sécurité. « Dès cette semaine, je serai à New York pour faire un briefing au Conseil de sécurité sur l'évolution du processus de médiation au Mali et dire tout l'appui que nous attendons de la communauté internationale », annonce Djibrill Bassolé. « Nous allons dégager les pistes qui vont nous mener vers une paix non seulement pour le nord Mali, mais aussi pour le Mali et pour la Cédéao », dit-il. Samedi dernier, il a annoncé, après une rencontre avec une délégation du Mouvement national de libération de l'Azawad qui « a mis en place, ce dimanche, on gouvernement (Conseil de transition de l'Azawad), que d'autres acteurs importants seront associés à sa démarche pour « trouver une solution durable au problème malien » qui dure depuis le 22 mars, date du coup d'Etat contre le président Amadou Toumani Touré et de la prise du pouvoir au Nord du pays par le MNLA et surtout par Ansar Dine, un mouvement islamiste et l'Aqmi. Parmi ces acteurs, il cite l'Algérie, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et Alassane Ouattara, le président en exercice de la Cédéao Selon les analystes, si rien n'est fait, on verra naître à moyen terme, en plein cœur du Sahel, le premier Etat terroriste du monde. « Il ne faut pas tarder. Plus vous attendez, plus l'ennemi se renforce », explique le général Lamine Cissé, l'ex-chef d'état-major du Sénégal. Selon l'ancien représentant spécial des Nations unies en Afrique de l'Ouest, le vote d'une résolution à New York doit rapidement intervenir. La France, qui soutient toute initiative africaine visant à intervenir au Mali, évoque une « menace d'installation de groupes terroristes » dans le nord. « Il ne s'agit pas de mouvements de libération. Il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali, qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà », prévient François Hollande. « Cette menace existe, c'est aux Africains de la conjurer, à eux de décider », dit-il. Et d'ajouter : « Aux Africains de saisir le Conseil de sécurité et si une intervention est décidée, c'est aux Africains de la mener. La France, comme d'autres puissances, se mettrait au service des Nations unies ». Le Niger confirme par la voix de Mahamadou Issoufou, son président, la présence de camps d'entraînement de djihadistes étrangers dans le nord du Mali. « Il y a une présence de djihadistes afghans, pakistanais en tout cas étrangers, au Mali, qui entraîneraient des groupes terroristes », dit-il, qualifiant la situation de « très préoccupante ». « C'est une menace non seulement pour la région, mais pour le monde », dit-il plaidant pour une « réponse internationale ». « Si on peut trouver une solution négociée, tant mieux, si on ne peut pas (...), nous serons obligés de recourir à la guerre avec pour objectif de restaurer la démocratie au Mali et de restaurer l'intégrité territoriale au Mali. Nous sommes en train de nous y préparer », conclut-il ne se doutant pas que l'armée malienne se prépare, elle aussi, à aller au front. Pour redorer son blason, d'abord, ne pas laisser une force internationale s'installer au Mali, ensuite. Dans cette envie d'en découdre avec le Nord du Mali, même la CEN-SAD, (Communauté des Etats sahélo-sahariens, une organisation regroupant 28 Etats africains, créée le 4 février 1998 à Tripoli) s'en mêle. Ses chefs de la diplomatie se sont retrouvés hier en session extraordinaire à Rabat. Au menu : la prévention des menaces à la sécurité régionale, mise à mal par la situation au Mali et les risques de contagion. C'est la première rencontre du conseil exécutif de la CEN-SAD à se tenir dans la foulée des évènements qui ont mené à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali et de Mouammar Kadhafi.