[image] Par Abdelkrim Ghezali La situation politique et sécuritaire au Mali frise l'implosion. Les autorités n'ont aucun pouvoir sur les événements et les forces armées maliennes sont incapables d'agir dans le nord coupé du reste du pays. Lorsque la Cédéao a décidé d'intervenir au Mali, la France a applaudi et le Conseil de sécurité n'a fait aucun commentaire, alors que la France et le Conseil de sécurité savent que la Cédéao n'a ni les moyens ni l'expérience requise pour agir efficacement contre les groupes terroristes sévissant dans le Sahel. D'ailleurs, l'intervention des troupes de la Cédéao a été accueillie par une vive riposte de l'armée malienne. Pourtant, la France semble favoriser une action de la Cédéao au Mali et ce en dépit de l'échec cuisant de la première tentative militaire de cette organisation sous-régionale. François Hollande avait déclaré lundi dernier qu'il redoutait l'installation de «groupes terroristes» dans le nord du Mali, actuellement sous le contrôle du Mnla et d'Ensar Dine. Le Président français avait réaffirmé le soutien de la France à une éventuelle opération militaire africaine pour les déloger. «Il y a une menace d'installation de groupes terroristes au nord-Mali (...), il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà», a déclaré M. Hollande à l'issue d'un entretien avec le président nigérien Mahamadou Issoufou. «Cette menace existe, c'est aux Africains de la conjurer, à eux de décider. La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) en est à la fois l'instrument juridique et l'instrument éventuellement militaire», a poursuivi le chef de l'Etat français devant la presse. «Aux Africains de saisir le Conseil de sécurité (de l'ONU). Nous, nous appuierons la résolution qui sera présentée par la Cédéao. Si une intervention est décidée, c'est aux Africains de la mener, la France comme d'autres puissances se mettant au service des Nations unies», a dit M. Hollande, confirmant implicitement son accord à un soutien logistique français. Devant la presse, le président nigérien a confirmé les informations faisant état de la présence de «jihadistes afghans, pakistanais, en tout cas étrangers au Mali qui entraîneraient des groupes terroristes». «Je confirme cette information (...), la situation est préoccupante, il s'agit d'une menace non seulement pour la sous-région mais aussi pour le monde», a précisé M. Issoufou, plaidant pour une «réponse internationale». Le chef de l'Etat nigérien a confirmé aussi que les pays africains (Cédéao et/ou Union africaine) se préparaient à saisir le Conseil de sécurité de l'ONU d'un projet de résolution sur la situation dans le nord du Mali. À la faveur du coup d'Etat militaire qui a renversé le 22 mars dernier le président Amadou Toumani Touré à Bamako, cette immense région désertique est contrôlée depuis plus de deux mois par le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla, rébellion touareg) et surtout le mouvement islamiste Ansar Dine et son allié jihadiste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Si on peut trouver une solution négociée, tant mieux, si on ne peut pas (...), nous serons obligés de recourir à la guerre avec pour objectif de restaurer la démocratie au Mali et de restaurer l'intégrité territoriale au Mali», a répété M. Issoufou lundi. «Nous sommes en train de nous préparer, le temps que ça prendra, je ne peux pas vous dire», a-t-il ajouté. L'Union africaine a saisi le conseil de sécurité pour lui accorder un mandat l'autorisant à intervenir dans le nord du Mali pour combattre les groupes terroristes, régler le problème des touareg en prenant en compte leurs revendications légitimes et garantir l'intégrité territoriale du Mali. Mais l'organe de sécurité onusien a préféré tergiverser et se perdre en conjectures pour refuser que l'UA prenne en charge ses problèmes, alors que les mêmes puissances font pression sur la Chine et la Russie pour autoriser une intervention en Syrie. Des membres du Conseil de sécurité ont soulevé des questions techniques auxquelles l'UA a répondu. Manifestement le Conseil de sécurité préfère entretenir le pourrissement dans la région du Sahel.