Les valeurs humaines et nationalistes du moudjahid ont été évoquées, à l'occasion, par ses compagnons qui ont apporté, tour à tour, des témoignages sur le combattant. Le moudjahid, Mohamed Saïki raconte : « Ould El Hocine organisait régulièrement des rencontres entre moudjahidine dans le maquis. C'est grâce à des gens comme lui, intègres, courageux et engagés, qu'on a fait incliner la plus forte force coloniale de l'époque ». Mohamed Mechati, membre du Groupe des « 22 », note que sa rencontre avec Ould El Hocine date depuis de 50 ans. « Il est toujours égal à lui-même. Il poursuit son combat même après l'indépendance en se consacrant à l'écriture de l'histoire de son pays. », dit-il. Mustapha Cherchali, représentant de l'Organisation nationale des moudjahidine, estime que Ould El Hocine est connu parmi les combattants pour son amour du pays. Il souligne sur sa lancée les multiples actions caritatives entreprises « souvent discrètement » par M. Ould El Hocine, en direction des citoyens nécessiteux et des associations d'horizons divers. Pour M. Cherchali, les contributions de M. Ould El Hocine constituent « un dictionnaire de référence de la révolution algérienne ». DES MARTYRS EXHUMES Un détail : les œuvres du moudjahid et historien sont distribuées gratuitement. Dans son témoignage, M. Cherchali n'a pas manqué de souligner la réaction « émotionnelle » mais surtout « reconnaissante » des parents, proches et amis des ces martyrs, restés pour longtemps dans l'oubli et exhumés par Mohamed Chérif Ould El Hocine. Celui-ci, sensible aux témoignages, n'a pu retenir ses larmes. « Je ne veux pas de gloire personnelle. J'ai publié ce que j'estime être juste. Je voudrais faire connaître aux générations actuelles et celles à venir ce qu'a été le sacrifice de nos valeureux chouhada », dira-t-il. Des noms de martyrs, jusqu'ici méconnus, figurent dans les ouvrages de l'ancien officier de la wilaya IV, pour ne citer que Benmira Tayeb, Tarakli Slimane, Si Mahfoud, Cherfaoui Ahmed, Noufi Abdelhak, Kellouz Moussa dit Si Moussa et M'Barek Ahmed, dit Zendari. La liste de ces héros anonymes est longue. Lakhdar Bouragâa, commandant de la wilaya IV, note l'importance des mémoires publiées, en soulignant que « notre force réside dans notre histoire. Celle-ci est le ciment de notre unité ». Dans la foulée, il regrette le fait que « des historiens français s'intéressent à notre révolution plus que nous ». Parlant de son compagnon d'armes, Ould El Hocine, il déplore le mauvais traitement qu'on lui a réservé au lendemain de l'indépendance en le spoliant de ses biens : « c'est un autre combat qu'il a mené ». M. Ould El Hocine ne voulait pas s'attarder sur ce chapitre se contentant de dire que c'est le destin. « Dieu merci, je ne manque de rien ». Evoquant ses écrits, il dira : « je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles, ces lettres à nos enfants, enfants de notre valeureux peuple pour qu'ils n'oublient jamais nos vaillants chouhada, morts au combat ». Il ajoute : « pendant toute la durée de ma participation au combat libérateur contre l'armée française, dans les maquis de la wilaya IV, j'avais toujours sur moi un petit carnet de route ; j'y écrivais, notais des noms, des dates, des lieux, tous ces événements qui m'ont marqué à tout jamais ».