A peine la saison estivale entamée que déjà les plages sont prises d'assaut par des milliers d'estivants. Longeant le littoral de l'Algérois depuis El Kettani (Bab El Oued) jusqu'à Tipasa, toutes les plages étaient inondées de baigneurs, en ce début d'été. Notre choix s'est porté sur la célèbre plage de Palm Beach, où nous attendait Brahim Belghadi, le chef de poste de la Protection civile. Une forêt de parasols répartis en carrés et aux différentes couleurs, couvre le sable. Une fois le seuil de l'esplanade franchi pour aller vers la plage, plusieurs jeunes et moins jeunes se bousculaient pour inviter les estivants à prendre place dans « leurs » périmètres. L'accueil est si chaleureux que la clientèle se laisse guider avec plaisir. Tous vêtus de bermudas, ces jeunes proposent leurs services aux femmes et aux demoiselles pour leur porter les lourds sacs ou à prendre par la main les petits enfants. Une fois installé à une table en plastique à quatre chaises sous un parasol loué à 500 DA la journée, c'est le moment de bonheur. Ceux qui manquent de patience, les jeunes en général, ont déjà piqué une tête dans la Grande Bleue pendant que leurs familles s'installent sous le parasol. La plage légendaire n'est pas uniquement fréquentée par les Algérois mais beaucoup plus par des familles entières qui viennent de l'intérieur du pays. Comme plusieurs pères de familles, Chabane et sa lignée ont choisi Palm Beach. Résidant à Médéa, le père profite de ses week-ends pour accompagner sa famille et savourer des moments de détente, au grand bonheur des enfants. « Tous les week-ends, je viens ici passer toute la journée avec ma femme, mes filles mariées et leurs enfants. L'endroit est calme et est réservé aux familles », confie-t-il. Les enfants, eux, sont dans l'eau en train de barboter, alors que les plus petits sont gardés à l'abri du soleil de midi. Pour Tayeb, Palm Beach est un coin particulier, calme et serein. Une ambiance familiale y règne, et « c'est justement une occasion pour réunir tous mes enfants et petits-enfants dans un cadre agréable », a indiqué cet ancien cadre de banque venu de M'sila. Hadja Aldja est venue de Mechria (Naâma). En compagnie d'une dizaine de ses voisines et cousines, toutes des femmes d'un certain âge, s'offrent un bain de soleil dans l'après-midi. Allongées sur leurs serviettes, elles semblent savourer ces moments de relax, bercées par le doux bruissement des vagues et la musique raï émise à partir des haut-parleurs des petits restaurants « plantés » sur la plage. « Pour moi, venir à Palm Beach est nostalgique. Je fréquente cette plage depuis mon enfance. Elle est toujours propre et les plagistes sont accueillants. On se sent très à l'aise ici. Nous avons fait un voyage organisé pour venir ici. Aujourd'hui, on n'est pas vraiment gâtés par le soleil, mais on ne regrette rien », a-t-elle fait savoir. BRAHIM BELGHADI, LE « CHEF D'ORCHESTRE » Douceur, tranquillité d'esprit, sérénité, apaisement, ataraxie... et bien d'autres qualificatifs sont le fruit d'une bonne organisation, mais surtout le résultat de la confiance et de l'assurance garanties par la présence d'une brigade de la Protection civile et à leur tête le maître-nageur Brahim Belghadi. Comme un chef d'orchestre, ce jeune homme de 40 ans, « fils de Palm Beach », dirige impeccablement une équipe de 14 surveillants de baignade et deux plongeurs qui sont toujours au service des estivants de 9h à 19h. Cet effectif est jugé « suffisant » au mois de juin, puisque la plage connaît plus d'affluence en juillet et août. Ces éléments sont dispatchés sur la plage et une embarcation pneumatique fait la ronde tout le long du périmètre autorisé à la baignade. Pour ce qui est du matériel déployé, Brahim affirme que la direction a mis à leur disposition tous les équipements de sauvetage et de secourisme. « On a mis à notre disposition une embarcation pneumatique, des palmes, des bouées, des boîtes à pharmacie, une valise de réanimation, des brancards et des couvertures. « Nous sommes là à secourir les estivants quel que soit l'état de la mer », a-t-il indiqué. D'ailleurs, pour ces premiers baigneurs, l'équipe a secouru un jeune d'une mort certaine, selon lui. Au loin, deux jeunes nageurs ont pris le large. Ils ressemblent à deux points noirs. « Aussitôt repérés, nous sommes montés à bord de l'embarcation pour les récupérer. Au cours du trajet, le froid est l'ennemi numéro 1 du nageur. Il provoque des crampes. » Effectivement, les deux jeunes originaires de M'sila avaient la peau bleuâtre et tremblaient de froid. Le comble, c'est que les deux personnes nageaient avec des pantalons jeans. « Nous savons nager », ont-il indiqué. Comme un instituteur d'antan ou un fin diplomate, Brahim leur a expliqué que savoir nager ne suffit pas. « Vous êtes exposés aux dangers du froid, des jet-skis », dira-t-il. Il leur a recommandé de ne pas dépasser les 100 mètres réglementaires de la plage. Ces deux personnes ont appris la leçon et sont rentrés chez elles la vie sauve. Le maestro nous a expliqué que, par moment, ils sont confrontés à des personnes entêtées. « Dans tous les cas de figure, nous ferons tout pour les sauver en cas de danger. Mais si on ne réussit pas, on a la conscience tranquille », a-t-il fait remarquer. Parmi les baigneurs qui se sont éloignés de la plage, l'on trouve un ancien maître-nageur. Il connaît apparemment toutes les règles et les recommandations de la baignade. « Mais vous avez oublié une chose : tu auras sur la conscience ceux qui vont t'imiter et ne pourront pas revenir », lui a fait remarquer M. Belghadi. Brahim nous parle également des dangers que représentent les jet-skis dont les conducteurs « s'exhibent devant les baigneuses et oublient de voir devant eux ». Plusieurs accidents ont été enregistrés l'an dernier. Ces engins sont loués à 800 DA/heure même pour les jeunes adolescents. Un autre danger pour les baigneurs réside en la location des planches. « Certains jeunes les louent à raison de 150DA/heure, ils prennent le large sans maîtriser les moindres gestes de la natation. Lorsqu'ils tombent, ils paniquent et nécessitent des secours. » Brahim représente, pour les baigneurs, le sage de... la plage. Tout le monde lui demande qui un renseignement, qui un conseil. Il lui arrive également d'amener la paix entre deux vendeurs de cacahuètes ou de régler d'autres « pépins » à Palm Beach. Si la plage représente un lieu de loisirs et de détente pour les uns, pour d'autres, elle est une aubaine pour se remplir les poches.