Pas moins de 20 baigneurs ont été sauvés d'une mort certaine, jeudi dernier, par les éléments de la Protection civile, stationnés à Palm Beach. Quatre ont été évacués vers l'hôpital de Zéralda en raison de la gravité de leur cas. Et pour cause, deux drapeaux rouges, déterminant l'interdiction absolue d'approcher une mer en furie, flottaient ostensiblement aux deux extrémités de cette plage qui côtoie, à l'ouest, celle de Sidi Fredj. A 16 h, le chef de poste dut interrompre précipitamment la discussion qu'il venait d'engager avec nous pour se diriger à toute allure vers l'eau. Un jeune homme était en train de se noyer. « Allez, grouillez les gars, vite, pas de perte de temps ! », lançait-il à ses éléments dont une partie était déjà dans le creux de la vague. La partie n'était pas de tout repos. La « bataille » se déroulait sous le regard, presque indifférent de la foule. Le professionnalisme et le courage dont ont fait preuve les sauveteurs ne semblaient pas être pris en considération, voire carrément occultés, par les milliers de baigneurs. « Ah bon ! Une noyade vient de se produire maintenant. Je n'ai rien vu », nous dira un père de famille, l'air insoucieux et assis sous un parasol en compagnie de son épouse. Ses deux enfants faisaient trempette malgré une mer démontée. Tranquille ? « Je ne me fais pas de soucis, car je les épie en permanence. D'ailleurs, c'est pour eux que je viens ici à Palm-Beach, chaque jeudi. » « Pourtant, tous ceux qui ont failli laisser leur vie étaient à quelques mètres du bord ! », avons-nous répliqué comme pour le sensibiliser du danger qui guettait ses rejetons. Peine perdue. Le « père de famille », préférant couper court, faisait mine de demander à sa femme de lui servir un café. Entre temps la « vingtième victime » a été sauvée, sans gros dégâts. Essoufflé, un des maîtres-nageurs, les palmes et le masque à la main, grommelait. « Et pourtant le drapeau est rouge, donc pas de baignade. Nous ne cessons de le leur signifier, rien à faire ! Il nous est impossible de gérer des milliers de baigneurs, inconscients et résolus à fouler le réglement aux pieds, quitte à braver la mort. Même la force publique n'est pas parvenue à leur interdire l'accès, tant leur nombre se compte par milliers », se plaignait-il. Son chef de poste, Brahim Belkadi, enchaîne : « Avec un tel comportement, notre mission ne sera que plus difficile. Les gens n'ont plus de civisme. Ils mettent leur vie en péril celle de nos éléments également. » A 16 h 30, au moment de quitter le lieu, la plage de Palm Beach grouillait encore de monde. Y a-t-il eu d'autres interventions ? Tout porte à le croire. Les « noyades » enregistrées jusque-là n'ont en aucun cas dissuadé la foule. Mis à part quelques enfants « tenus en respect » par des parents conscients du danger, des dizaines, peut-être des centaines, étaient encore dans des eaux « folles », prêtes à happer au moindre faux pas.