L'enclos du foyer ou du lieu de travail dans lequel évolue la femme en général est restreint et celui de la rurale est plus étouffant. Aucun cercle exutoire et distractif pour femmes pouvant promettre son épanouissement n'existe dans la commune. Les occasions de marquer leur rencontre ne sont pas nombreuses. Dans l'établissement secondaire de Chemini, à la fin de ce deuxième trimestre scolaire et un peu pour récupérer la journée de la femme non marquée à temps, les enseignantes et les administratrices soutenues par le staff masculin dont le proviseur Lahlou Ali, ont mis un peu d'assouplissement aux trois mois de dur travail d'enseignant, en organisant une cérémonie avec la collaboration des élèves. Mmes Benani, Nacef, Hamouche, Karima et les autres, ont durement consacré de leur temps pour vivre ce moment de relaxation morale. A chacune son souci quotidien : plusieurs sont des mères enseignantes, des célibataires venues de loin occupant des dortoirs, des vacations en attente de confirmation, de rapports difficiles avec les élèves, etc. « La femme de la montagne n'a pas d'espace pour exprimer son habilité et parfois jovialité en dehors du cadre où elle travaille, un cercle fermé sur elle-même », nous dira l'une d'elles. Chabane Benani, enseignant de français, soulignera : «A l'ouverture de ce lycée, en 1989, les premières femmes qui sont venues ici ont été montrées du doigt par des gens, mais au fil des années, cela devient ordinaire et naturel.» Le proviseur A. Lahlou, de son côté, soutient que «la femme enseignante est volontaire et courageuse. Malgré les difficultés rencontrées pour assurer son travail, par rapport à l'homme, elle persévère.» La gestionnaire de l'établissement, Mme Nacef, sur un autre volet, fera remarquer que «la travailleuse de la région rurale, en dépit des contraintes, est toutefois mieux gâtée que celle de la ville car elle trouve toujours quelqu'un la soutenant comme la mère, la grand-mère, la sœur, la voisine, dans l'éducation de ses enfants et les tâches ménagères après une journée laborieuse.» La situation de la femme rurale, notamment à Chemini, selon nos interlocutrices, «s'est incontestablement améliorée, et cela était possible grâce à l'ouverture des hommes qui sont tolérants et compréhensifs.» Par ailleurs, la femme instruite pouvant ouvrir des espaces à la femme au foyer, est «sous l'emprise de la tradition qu'il faut respecter et garder comme un acquis», nous dira Mlle Hammouche. Cependant, les brèches sont bien tracées par les pionnières, l'avenir et le développement de la femme de la montagne seront plus prospères quand tous les métiers ne seront plus l'apanage de l'homme, soutiennent-elles. Nacer Mouterfi.