Une manifestation hautement symbolique se décline en trois pôles distincts : le premier sous forme d'un colloque au complexe Laâdi Flici (2 au 4 juillet), le second sous forme d'ateliers d'écriture pour le journalisme culturel et de soirées littéraires et poétiques à Dar Abdelatif, Bois des Arcades, (6 au 9 juillet), et, enfin, de conférences débats au siège de l'APS (1er au 10 juillet). « Frantz Fanon est une figure respectée et aimée dans toute l'Afrique et l'Asie. C'était une personnalité d'envergure, de grande qualité par la finesse de ses jugements comme par son courage de dire la vérité », a déclaré l'intellectuel égyptien Samir Amin. « Au-delà, il a été un révolutionnaire authentique. Son livre, Les damnés de la terre, explicite sa vision de la révolution nécessaire pour sortir l'humanité de la barbarie capitaliste. C'est à ce titre qu'il a conquis le respect de tous les Africains et Asiatiques », a-t-il poursuivi. Plus prosaïque, Aidjaz Ahmad de l'Inde dira : « Fanon est né dans une famille bourgeoise coloniale de la Martinique et connaissait de son intérieur même les caprices mesquins de cette classe. Il a étudié la psychiatrie, mais était également un lecteur vorace de Hegel, Kant, Marx, Sartre, Heidegger, Mercleau-Ponty, etc... ; il n'était pas seulement un révolutionnaire anti-colonialiste, mais aussi, philosophiquement, un humaniste cosmopolite ». Et de souligner : « il a consacré sa vie à un pays (Algérie, ndlr) avec lequel il n'avait aucun lien de naissance, d'origine ethnique ou tout autre type de lien primordial ». Pour mémoire, Frantz Fanon est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France (Martinique). Il est le troisième d'une famille de huit enfants. En décembre 1953, il arrive à Blida-Joinville. Malgré les résistances de l'administration et de la plupart de ses collègues français, il introduit dans son service des méthodes révolutionnaires. Il « libère » les malades enchaînés au sens propre et met un terme à leurs conditions de vie carcérales. C'est de cette époque que datent ses contacts organisés avec les militants nationalistes. Après le déclenchement de la lutte de libération nationale, son service sert d'alibi aux militants et aux djounoud. Il accueille chez lui et cache les responsables de la wilaya IV, et notamment Krim Belkacem et le colonel Sadek. Il rejoint, après son expulsion d'Algérie en 1957, l'organisation du FLN à l'extérieur, à Tunis où, avec Abane Ramdane, il travaille au département information. En décembre 1960, alors qu'il est en mission à Tunis, on découvre qu'il est atteint de leucémie. Le GPRA l'envoie, d'abord, à Moscou puis à l'hôpital de Bethesda aux Etats-Unis où il meurt le 6 décembre 1961. De février à mai 1961, il avait écrit le livre « Les damnés de la terre » qui parait une semaine avant sa mort. Il est enterré à la frontière algéro-tunisienne, en territoire algérien au lieu-dit Aïn-Soltane.