« La tendance baissière des prix du pétrole nous inquiète et nous impose d'être prudents mais nous ne devons pas perdre de vue deux éléments importants : nos dépenses effectives constatées en fin de l'exercice sont basées sur un baril à 75 dollars et nos capacités de financement, cumulées grâce au fonds de régulation des recettes (FRR), aux réserves de change et au remboursement de la dette, sont considérables », a assuré hier, le ministre des Finances, Karim Djoudi sur les ondes de la radio nationale. A ces éléments de sécurité budgétaire s'ajoute l'accroissement annuel de 20% des recettes de la fiscalité ordinaire. La prudence doit s'entendre, a-t-il poursuivi, juste comme « un élément de gestion active de notre politique économique et financière pour anticiper des phénomènes susceptibles de gêner nos équilibres internes et externes ». Le ministre a assuré que la gestion prudentielle prônée exclut cependant toute réduction de salaires, des transferts sociaux et de soutien des prix. Cette intervention du premier argentier du pays vient suite à la mise en garde de la Banque d'Algérie qui avait dernièrement averti contre le maintien de la croissance des dépenses publiques notamment celles de fonctionnement estimant que l'Algérie aura besoin d'un baril supérieur à 110 dollars pour maintenir son équilibre budgétaire. A cela s'ajoutent les déclarations du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi qui a observé que la baisse des cours de pétrole pourrait faire perdre à l'Algérie quelque 20 milliards de dollars par an. N'empêche, pour le ministre des Finances, les prix du baril constatés à un moment donné « ne devraient pas dicter (à l'Algérie) des actions structurelles notamment en matière de dépenses d'investissement ». Les dépenses d'équipement génèrent en fait de la croissance, de l'emploi et des revenus, a-t-il soutenu, ajoutant que la baisse des cours de pétrole « n'est pas source de mise en difficulté de nos équilibres internes et externes pour le moment ». Les cours du pétrole reculaient vendredi perdant plus de deux dollars le baril à Londres comme à New York. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 98,37 dollars, en baisse de 2,33 dollars par rapport à la clôture de jeudi.Interrogé sur une éventuelle révision à la baisse des dépenses d'équipement en cas où la tendance baissière des prix du pétrole se confirme, il a expliqué que ce n'était pas envisageable à moyen terme, car 83% des dépenses inscrites dans le cadre du plan quinquennal d'investissement (2010-2014) sont déjà notifiés. Quant à un éventuel recours à l'épargne publique disponible au Fonds de régulation des recettes, doté de 5.300 milliards DA (plus de 71 milliards de dollars) à fin 2011, et aux réserves de change, qui avoisinent 200 milliards de dollars, M. Djoudi a expliqué qu'il s'agissait d'« éléments d'ajustement qu'on peut utiliser en dernière instance ».