« Mais qui a eu cette idée folle, un jour, d'inventer l'école ? », dit la chansonnette. Voilà une très « boune questiou », aurait dit le grand Ariouet, qui par parenthèses, est fortement sous employé par le « cilima » national. Cette parenthèse fermée, on imagine qu'à l'époque où un illuminé a pensé structurer le savoir en instituant l'école, le football et le rai n'existaient pas encore. Nous n'en voulons pour preuve que, lorsque, enfants, nos parents nous demandaient ce que nous voulions faire plus tard, la réponse la plus partagée était : « instituteur ! ». Certains gamins, en avance sur leur temps, répondaient, « médecin ou juge ». Autres temps, autres mœurs ! De nos jours, les choses ont radicalement changé. Il ne vient à l'idée d'aucun gamin censé, à la cervelle bien plantée dans le crâne, de vouloir être, plus tard, instituteur. Ou même professeur d'université. Pas folle, la guêpe ! Désormais, « c'est footballeur que je veux être, papa ». Ou « star de rai que je veux être, maman ». Bien sûr, pour ceux qui n'ont aucun talent, il reste toujours l'intéressante possibilité d'être « député », mais, bon, bref...comme disait un certain Pépin. Aujourd'hui, même avec les différentes augmentations consenties à la Fonction publique, aucun gamin ne s'aventurerait à vouloir devenir Einstein, quand bien même aurait-il la possibilité de pouvoir réinventer l'eau chaude. Et aucune gamine ne voudrait suivre le chemin de Marie Curie, quand bien même aurait-elle la solution d'éradiquer définitivement les moustiques. Pour peu que ces gamins aient quelque talent dans les pieds ou dans la voix, leur parcours est tout de suite tracé. Et leur avenir alimentaire assuré pour des générations. Vous vous imaginez ! Que peut, donc, peser un chercheur de Ain Ouessera, qui a étudié pendant une trentaine d'années et exercé autant, devant un footballeur moyen (on ne parle ni de Messi, ni de CR) qui crapahute sur un champs de patate et qui touche 300 briques mensuelles ? Et quel est le poids de la plus ancienne physicienne de l'Institut algérien d'aérospatiale face à une chebba du rai qui touche, au moins, 500 briques pour un tour de chant d'une heure et quart ? Les cachets de Khaled et Mami tournant autour du milliard, il n'y a, assurément, pas photo mais... Il y a, dans la récompense des mérites, un petit quelque chose qui cloche. Car les talents en paillettes, qui sont payés leurs poids en or, n'envoûtent que les foules alors que, même mal évalués, les talents structurants, qui travaillent dans l'ombre, émancipent l'humanité entière. C'est injuste, bien sûr, cependant, il y'a des satisfactions qui n'ont pas de prix. Car, à y voir de plus près, ce n'est pas avec des pieds en or, quand bien même seraient-ils issus d'une école de foot, ou une voix veloutée, même sortie d'une école de chants, que des hommes ont pu marcher sur la lune. Qu'on se le dise : on ne doit cette extraordinaire possibilité qu'aux talentueuses recettes de notre bonne vieille et chère Ecole !