Irrité par les critiques américaines en raison de son opposition aux sanctions (économiques, voire militaires) sous le chapitre VII des Nations unies, visant le gouvernement syrien, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a accusé, hier, les pays occidentaux d'exercer un « chantage » sur son pays. Ces derniers refusent, selon lui, de prolonger le mandat de la mission d'observateurs, comme souhaité par Moscou dans son projet de résolution, présenté, jeudi, au Conseil de sécurité. Nous estimons que c'est une approche absolument contre productive et dangereuse, car il est inacceptable d'utiliser les observateurs comme une monnaie d'échange » a-t-il jugé. Devant les pressions US, Moscou s'obstine et durcit sa position : le chef de la diplomatie russe qui recevait, l'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, a clamé haut et fort que le président syrien Bachar Al Assad restera au pouvoir « tant il jouit, explique-t-il, d'un large soutien populaire ». Il a réaffirmé que son pays s'opposerait fermement à toute résolution qui ne se réfère pas à l'accord de Genève (prévoyant une transition politique menée par un gouvernement d'union nationale). M. Lavrov a en outre reproché à « certains partenaires internationaux » de ménager l'opposition syrienne, politique et armée, tout en accentuant les pressions sur les autorités syriennes. Il a avoué, dans la foulée, que Moscou n'a pas réussi « à convaincre l'opposition qui avait visité la Russie d'abandonner ses demandes radicales et de tenir un dialogue pour régler la crise ». Un vœu qui ne sera pas exaucé de sitôt. Epine dorsale de cette opposition, établie en Turquie, les Frères musulmans se sont réunis, hier, à Istanbul, pour « soutenir la rébellion contre Bachar Al Assad ». Le numéro un du mouvement islamiste, Mohammad Riad Al Shakfa a exclu, dans son discours, tout « plan en Syrie qui n'inclut pas le peuple », notamment, le plan Annan dont la confrérie a déjà décrété l'échec. Après avoir observé une certaine « neutralité » la Jordanie semble, peu à peu, se démarquer de son allié et voisin syrien. Son premier ministre, Fayez Tarawneh, a jeté, hier un pavé dans la mare en déclarant que « le dialogue n'est plus la solution pour le dénouement de la crise » appelant « le Conseil de sécurité à intervenir ». A Damas où des chars avait pris position pour la première fois, le porte-parole du ministère des affaires étrangères et des expatriés, Jihad Maqdissi, a riposté aux critiques internationales après le « massacre », jeudi, de 150 personnes. « Ce qui s'est passée à Treimseh, poursuit-il, n'était pas un massacre mais une opération militaire et une confrontation opposant les forces de l'armée à des groupes, hautement armés ». « Les forces de l'armée ne s'y étaient servies pas d'armes lourdes et les pertes causées n'étaient que dans cinq bâtiments que les groupes terroristes utilisaient comme quartiers généraux et dépôts d'armes », a-t-il indiqué, réfutant les informations selon lesquelles 150 chars avait pénétré dans un « petit village de 2 km de superficie ». Le Comité international de la Croix-Rouge a, de son coté, décrété que les combats en Syrie sont désormais dans une situation de guerre civile.