Les « architectes » du projet soutiennent qu'il sera capable d'offrir une voie de sortie à la crise institutionnelle née du coup d'Etat du 22 mars dernier et d'unir toutes les forces du pays pour la reconquête du Nord, occupé depuis par Ansar Dine, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest et Al-Qaïda au Maghreb islamique, les trois groupes islamistes armés qui ont évincé leur ex-allié, le Mouvement national de libération de l'Azawad. « En vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, des assises des forces vives de la Nation seront organisées dans les jours à venir, et un cadre de dialogue sur la marche de la transition regroupant des représentants de partis politiques, de la société civile, des forces armées et de la sécurité, des dignitaires religieux et des opérateurs économiques, sera créé ». C'est le Premier ministre, Cheikh Modibo Diarra, qui l'a annoncé lundi soir à la télévision nationale, n'excluant pas dans la foulée le recours à « toutes les options » y compris à une intervention militaire. « Si les autorités de transition restent ouvertes à la négociation avec certains de ces groupes, elles préparent parallèlement et minutieusement l'option militaire par une réorganisation de la chaîne de commandement », dit-il. L'armée malienne, qui a été incapable de faire face à ces groupes qui ont commencé à appliquer la charia à Gao, Kidal et Tombouctou, compte sur sa nouvelle « force d'élite de 1200 hommes » et « une assistance étrangère ». Notamment la Cédéao qui n'attend que la demande formelle de Bamako et le mandat de l'Onu pour déployer ses 3.000 hommes dont une mission technique a séjourné récemment à Bamako. Tâche ardue. Surtout qu'AQMI et le MUJAO qui ne seraient pas en manque d'argent et d'armes, auraient commencé à recruter à bras-le-corps parmi ceux qui ont fait la « campagne » de la Libye. Comme pour aller vite, Cheick Modibo Diarra qui s'est rendu à Alger, Paris, Nouakchott, Rabat, Niamey et Dakar, était, hier, à Ouagadougou pour présenter au président burkinabé et médiateur, Blaise Compaore, la « feuille de route » qu'il a élaborée la semaine passée à Paris avec le président par intérim Dioncounda Traoré. « Je viens voir le médiateur, non seulement pour lui remettre, comme cela a été demandé, une feuille de route, mais aussi m'entretenir avec lui sur tous les points de recommandation du sommet ouest-africain du 7 juillet à Ouagadougou sur le Mali », dit-il à son arrivée à l'aéroport. Fait nouveau dans la démarche du gouvernement malien qui a présenté lundi à Bamako cette « feuille de route » aux missions diplomatiques et aux organisations internationales : sa détermination à diviser ceux qui ont pris en otage le nord du pays. Sur conseil des amis et voisins du Mali, il a opté pour l'intégration dans le dialogue, d'Ansar Dine et du MNLA, deux mouvements de la communauté touarègue majoritaire au nord malien « ouverts au compromis ». A la différence de l'AQMI qu'« il faut combattre avec tous les moyens ».