« Si la situation n'évolue pas favorablement, il y aura une intervention militaire au Mali. Cela me paraît inévitable », ajoute-t-il, estimant que la situation qui est déjà chaotique, « se dégrade un peu plus chaque jour ». Comme certains responsables africains qui ont reçu récemment Laurent Fabius en visite à Niamey, Ouagadougou, Dakar et Cotonou pour finaliser le soutien logistique de la France, il est convaincu que le Conseil de sécurité qui a laissé, le 5 juillet dernier, la porte ouverte à une intervention militaire, donnera son feu vert en août quand la France assurera la présidence tournante. Malgré une réelle réticence de la communauté internationale .Les jours nouveaux maîtres du nord du Mali, avec le soutien d'Al Qaida au Maghreb islamique seraient-ils comptés ? « Oui » répond confiant, le président de la CEDEAO. « Nous pouvons parler en semaines et non en mois. Il y a urgence. Des discussions sont en cours entre les présidents du Burkina Faso, du Nigeria et certains mouvements armés, mais le dialogue ne pourra durer éternellement »précise-t-il. Comment se fera cette intervention ? Elle se traduirait d'abord, explique-t-il, par un déploiement de gendarmes et de policiers et par celui des militaires ensuite avec un appui logistique et de conseillers, notamment français, américains et de l'OTAN. « Nous ne disposons d'une aviation de combat » dit-il, excluant « toute présence de troupes au sol qui ne soient pas africaines ». Cette mission de la CEDEAO au Mali (MICEMA) qui pourrait recevoir son ordre de bataille le 9 août prochain à l'issue de la réunion des chefs des armées de l'organisation régionale à Abidjan sera composée, martèle-t-il, pour moitié de soldats maliens, pour moitié de soldats venus du Niger, du Nigeria, peut-être aussi du Tchad et d'autres pays encore ». « Les islamistes se sont incrustés pendant dix ans dans le nord du Mali et ce n'est pas en trois mois qu'on pourra les en déloger » déclare Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre malien dans un entretien à Africable, une chaîne de télévision basée à Bamako. Autant dire que « même en les islamistes chassant des grandes villes, cela va prendre des années » pour les faire partir du reste du territoire, qui fait plus d'un million de km2, soutient celui dont 140 partis politiques dont l'Alliance pour la démocratie au Mali du président de la transition, Dioncounda Traoré, exigent le départ, pour immobilisme et absence de stratégie pour libérer le Nord. « Si je dois démissionner, à qui je dois remettre ma démission ? » dit-il rappelant que « l'accord-cadre de Ouagadougou du 6 avril dit que le président intérimaire ne peut pas accepter ma démission ». « C'est moi le chef du gouvernement qui propose une équipe au président. J'ai déjà en tête l'architecture de la future équipe. Evidemment, des gens qui ont des moyens et qui n'aiment pas le gouvernement, ont le droit d'utiliser leurs moyens pour payer des journaux pour faire du lobbying », précise-t-il. Vers un bras de fer avec Traoré qui est retourné vendredi à Bamako, après deux mois passés à Paris, pour former dans les tout prochains jours un gouvernement « restreint » avec une « feuille de route » précise : gestion de la crise du nord et organisation des élections transparente et crédibles ? Les coopérants étrangers qui sont au Nord-Mali ont commencé à évacuer les lieux pour « insécurité croissante ».