Mahmoud Abbas ne croit plus en la solution à deux Etats israélien et palestinien vivant côte à côte. «Le concept commence à s'éroder et le monde commence à ne plus y croire, à ne plus nous faire confiance pour parvenir à cette situation », dit-il devant un groupe de réflexion à Washington. Le président de l'Autorité palestinienne qui exclut la « solution à un seul Etat » car « inacceptable pour la majorité de son peuple, demande à Benyamin Netanyahu de se défaire de certains comportements pour se montrer sous un « jour positif » car « les Arabes ne sont pas contre la paix, pas plus que les musulmans ». Ces propos « sombres », prononcés dix jours après le raid israélien contre la flottille de la Liberté qui ne fera l'objet d'aucune enquête internationale malgré une résolution onusienne, sonnent comme un sursaut. Le président palestinien ne semble plus donner de crédit à Barack Obama qui, embourbé dans la marée noire et le nucléaire iranien, distille ses discours sur le Proche-Orient à la tête du client. Les deux derniers en date : sa réclamation d'une commission d'enquête « crédible » sur le raid qu'il a suivi en direct et sa conviction que des « progrès significatifs » seront possibles d'ici fin 2010, dit-il à Abbas sans condamner le raid dont il était informé à l'avance et s'engager à « prendre des décisions courageuses pour changer la face » du Proche-Orient. Le président palestinien sait qu'à une semaine du retour de George Mitchell dans la région, le raid israélien et les fausses promesses américaines renforcent ses rivaux de Hamas et les faucons israéliens. Abbas qui a tendu mais vainement la main à Hamas pour une réconciliation tente de parer au « complot ». Il annonce le report sine die « dans l'intérêt national palestinien » des élections locales prévues le 17 Juillet, les premières depuis 2005. Le président palestinien qui sait qu'il ne peut pas cesser les discussions indirectes avec les Israéliens, par l'intermédiaire de Washington, sait aussi que dans l'état actuel, le Fatah qui a perdu à Gaza perdra en Cisjordanie. Des militants auraient quitté le navire Abbas pour rejoindre la flottille Hamas. Certains en échange d'argent. En Israël, où les faucons ont le vent en poupe, une atmosphère de « dangereuse incitation » se développe contre la minorité palestinienne. Certains députés arabes israéliens qui ont soutenu ou participé à la «flottille de la liberté», sont menacés de mort.