Le concept d'une solution à deux Etats au Proche-Orient “commence à s'éroder”, a déclaré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, jeudi lors d'un discours à Washington. “Je voudrais exprimer ma préoccupation face à une situation très difficile”, a-t-il déclaré lors de son intervention devant un groupe de réflexion. “Le concept d'un Etat palestinien (...) aux côtés d'un Etat israélien, je le crains, commence à s'éroder et le monde commence à ne plus y croire, à ne plus nous faire confiance pour parvenir à cette situation”, a-t-il ajouté. “Certains d'entre nous disent : 'nous ne voulons pas de solution à deux Etats, nous voulons une solution à un seul Etat, vivre en Israël', mais pour la majorité des Palestiniens, c'est inacceptable”, a poursuivi le leader palestinien. M. Abbas a également appelé Israël à “prendre des mesures” démontrant “ses intentions pacifiques”. “Les Israéliens devraient se défaire de certains comportements pour se montrer sous un jour positif”, a déclaré M. Abbas, assurant que “les Arabes ne sont pas contre la paix, pas plus que les musulmans”. Ces remarques interviennent à la suite du raid par un commando israélien le 31 mai d'une flottille humanitaire en route pour Gaza en dépit de l'embargo, qui a fait neuf morts et a plongé les relations israélo-palestiniennes dans une nouvelle crise. L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, doit se rendre à nouveau dans la région la semaine prochaine, mais les perspectives de son voyage semblent assombries par cette crise. Le président américain Barack Obama, qui a reçu mercredi M. Abbas à la Maison-Blanche, a pourtant fait preuve d'optimisme, estimant que des “progrès significatifs” étaient possibles au Proche-Orient d'ici à la fin 2010 et promettant que les Etats-Unis pèseraient “de tout leur poids” pour faire sortir le processus de paix de “l'impasse”. Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a déclaré mercredi que M. Abbas était venu aux Etats-Unis avec comme message la nécessité urgente de progresser dans ces discussions. “Le temps est crucial, c'est son message, nous avons besoin de voir une avancée réelle vers une solution à deux Etats et la fin de l'occupation”, a-t-il dit.