Las d'attendre le « printemps » promis, les Tunisiens renouent donc avec les émeutes. Dernières en date, celles d'hier à Sidi Bouzid. Des centaines de manifestants, rejoints par des citoyens de Sousse, Kasserine et Sfax se sont rassemblés devant le tribunal du berceau de la révolution du Jasmin pour réclamer la libération de leurs camarades arrêtés suite aux troubles qui ont secoué la région dernièrement. D'autres manifestations sont annoncées dans les prochains jours, entre autres, la marche, à partir de 21h, demain, de la Ligue des droits de l'Homme, des ONG féministes et de la centrale syndicale, à l'occasion de la célébration du 56e anniversaire de la promulgation du code du statut personnel, de la Place du 14 Janvier au Palais des congrès, en passant par l'avenue Mohamed-V pour dénoncer une islamisation rampante menaçant leurs droits et exiger le retrait d'un projet d'article de la Constitution qui revient sur le principe de l'égalité des sexes. « L'Etat est sur le point de voter un article de la Constitution qui limite les droits de citoyenneté de la femme sous le principe de complémentarité à l'homme et non sous le principe d'égalité », affirment les 8 000 signataires d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale constituante qui partira en vacances dès demain. Entre les deux « indignations », le saccage du siége d'Ennahda, le parti au pouvoir, à Sfax, par des citoyens en colère contre les coupures d'eau répétitives, l'appel à la grève générale à Sidi Bouzid pour aujourd'hui et les révoltes musclées et répétitives depuis juillet dans les autres villes du pays (Kasserine), contre la politique du gouvernement. Prémices d'une seconde révolution ? Beaucoup de Tunisiens, particulièrement de Tunisiennes qui rejettent le projet de l'article 28 de la Constitution qui évoque la notion controversée de complémentarité entre l'homme et la femme, l'espèrent. Un projet qui porte atteinte au principe de l'égalité des deux sexes consacré par le président Bourguiba en 1956 ! « Nous craignons l'instauration d'une nouvelle dictature au nom de la légitimité, à travers l'adoption de lois et de la nouvelle Constitution », affirme Radhia Dridi, présidente de l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement, précisant que les articles liés aux droits et libertés dans l'ébauche de la Constitution ne répondent pas aux ambitions du peuple tunisien qui a scandé, pendant la révolution du 14 janvier, des slogans revendiquant la liberté et la dignité. Depuis peu, certains élus d'Ennahda parlent d'un possible retour de la polygamie. Les femmes qui sont descendues, mercredi dernier, dans la rue pour réclamer le retrait définitif de cet article controversé sur la « complémentarité entre les sexes », redoutent cette régression annoncée qui ne menace pas uniquement leurs droits mais aussi tout le modèle de la société. Certains islamistes n'ont-ils pas suggéré le retrait de la nationalité à Habiba Ghribi, la médaillée tunisienne aux jeux Olympiques de Londres à cause de son...short ?