Sidi Abou Madyane Choaïb El Andaloussi Et-Tilimssani Sidi Boumediène est né à Cantillana dans la région de Séville en 1126 et est décédé à Tlemcen en 1197. C'est un professeur, un auteur et un poète du soufisme, il est considéré comme un pôle du soufisme en Algérie et au Maghreb d'une manière générale. Fondateur de la principale source initiatique du soufisme du Maghreb et de l'Andalousie, il est le saint patron de la ville de Tlemcen et le guide spirituel de Abdeslam Ben Mchich Alami. Bou Mediene Chouaïb ben El Hossein El Anssari naquit dans la région de Séville vers 520/1126, d'une famille plutôt modeste. Son père mort, il fut élevé par ses frères aînés, gardant leurs troupeaux avant d'apprendre le métier de tisserand. Quand il voyait quelqu'un lire, il s'approchait de lui et ressentait une angoisse de ne pouvoir en faire autant ; lorsqu'il passait devant une mosquée ou une école son cœur palpitait. Il s'échappait pour aller au cours des professeurs. Ses frères étaient opposés à cette vocation. L'un d'eux le menaça un jour de son épée ; Chouaïb para le coup avec son bâton, et le fer se brisa. Interdit, le frère le laissa aller. Le jeune homme rencontra, au bord de la mer, ou du Guadalquivir, un vieillard qui pêchait à la ligne (un clou tordu au bout d'une ficelle), qui écouta son histoire et lui conseilla d'aller à la ville commencer sa quête de Dieu par l'étude de la science. Chouaïb traversa le détroit, vécut à Tanger et à Ceuta avec le pêcheur, se rendit à Marrakech, où il fut accueilli par ses compatriotes andalous qui voulurent l'inscrire sur les rôles de la milice. Abou Madyane étudia à Séville puis à Fès. C'est dans cette ville qu'il reçut son éducation religieuse et où il subit l'influence des enseignements d'Abu Yaza, d'Abd al Qadir al-Jilani et d'Al-Ghazâlî (à travers Ibn Hrizim, et d'Abu Bakr Ibn al-Arabi maître d'Abu Yaza). C'est dans les montagnes de l'Atlas qu'il alla demander l'initiation mystique à l'ascète berbère Abu Yaza. Il se rendit au Machreq, pour le pèlerinage, où il rencontra Abd al Qadir al-Jilani à La Mecque.Sur le chemin du retour, il fit un détour en Palestine où il participa avec Saladin à une bataille importante contre les Croisés, il y perdit une main. Après son pèlerinage et ses études au Moyen-Orient, il s'installa et enseigna à Béjaïa, capitale florissante et lettrée des Hammadites. Concentrant les chaînes initiatiques dérivées de l'Ecole de Baghdad, d'Al Jilani, d'Al-Ghazâlî, Abou Madyane les transmit par Ibn Machich et par Chadili à la plupart des tourouk du Maghreb. Savant, mystique, professeur, poète, il disait : « Quand la Vérité apparaît, elle fait tout disparaître ». Sa réputation de science et de sainteté lui valurent, comme à Ibn Rochd (Averroès), la défiance du sultan almohade Abu Yusuf Yaqub al-Mansur qui le fit appeler à Marrakech au Maroc qu'il n'atteindra jamais. Venant de Béjaïa en compagnie de ses disciples, il s'installe au village de Takbalet (commune de Bensekrane) situé à environ 30 km de Tlemcen,où il enseigna la théologie et la science mystique. Il meurt à El Eubbad le 13 novembre 1197. C'est là que l'on édifia son mausolée devenu lieu de pèlerinage des Tlemcéniens. Il connaissait la physiognomonie, le sens profond et les correspondances des formes, des attitudes et des gestes avec l'état présent et futur de l'âme, au point de pouvoir annoncer en voyant un de ses élèves remuer comment il tournerait vingt ans plus tard. Pour donner une idée de l'influence exercée d'outre-tombe par Sidi Abou Madyane, rappelons que d'après le chroniqueur Zerkechi, un sultan de Constantine étant venu rendre une visite pieuse au XIVe siècle, et s'étant arrêté devant le catafalque du saint, avait posé dessus sa main en prêtant le serment solennel de ne plus rien faire d'autre, à partir de ce jour-là, que rendre le bien pour le mal.