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La quête perpétuelle de la vérité
Le destin d'un berger de AbdeRrahmane Benarous projeté à la maison de la culture de Tlemcen
Publié dans El Watan le 07 - 03 - 2012

Pour le savoir et pour la recherche de la vérité, Abu Madiene Al Ghouth avait quitté sa terre natale, Séville, au pays de l'Andalousie, pour voyager au Maghreb et au Machereq.
Tlemcen
De notre envoyé spécial
Ses frères lui avaient tracé un destin, berger. Lui, orphelin, en avait choisi un autre. Chouaïb Abou Mediene Al Husseini Al Gouth El Ichbili était parti de son village natal de Cantillana, dans la région de Séville, pour les côtes du sud de l'actuelle Espagne, vers Tanger, Marrakech puis Fès au Maroc. Il voulait apprendre le Coran, les principes de l'Islam, les sciences, la culture, la philosophie. Le documentaire Le destin d'un berger (Massirou rayi) de Abderrahmane Benarous, projeté, la semaine dernière, à la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen, retrace la vie de ce philosophe, poète, savant du soufisme, fidèle disciple de Abdelkader Al Jilani, fondateur de la Tariqa Al Kadiria. «Quand je voyais les gens prier, je voulais savoir ce qu'ils faisaient. Je ne connaissais aucun mot du Coran. Je voulais tout apprendre. Pour cela, je devais fuir. Mon frère avait tenté de m'en dissuader. Il avait tiré son épée pour me frapper. L'épée s'était brisée sur mon bâton», avait écrit Abou Mediène plus tard.
C'était vers 1137. Après des travaux de pêche au port de Tanger, il part à Marrakech. Là, on lui avait conseillé de partir à Fès, «la Ville du savoir». Sur place, il a eu la chance de rencontrer les savants Ibn Hrizim et Abou Yaza, qui lui ont enseigné l'Islam et ses fondements. Ils lui avaient demandé de lire Al Jamie d'El Tirmidhi et Ihyaâ ouloum el din (raviver la théologie) d'Al Ghazali. Parallèlement, le jeune Chouaïb travaillait dans un atelier de tissage. Dans les montagnes de l'Atlas, il s'était intéressé au monde animalier. En partance vers La Mecque, il avait été attaqué par des bandits de grands chemins avant de marquer un arrêt à Tlemcen.
La ville, qui était tombée entre les mains des Almohades, lui avait réservé un accueil froid. Cet épisode a été évacué du documentaire de Abderrahmane Benarous. En 1145, les Almohades, menés par Abdel Al Moumin, n'avaient pas hésité à massacrer une partie de la population de Tlemcen et à détruire des bâtisses laissées par les Almoravides, dynastie défaite à Marrakech. Abdel Al Moumin avait fait construire des murs. Sous son règne, Tlemcen était devenue un carrefour des sciences et du commerce (le port de Honaine avait été bâti à l'époque des Almohades). Connus par leur rigidité religieuse, voire leur intégrisme, les Almohades haïssaient les savants soufis. Abou Mediène et ses compagnons étaient obligés d'élire résidence à El Eubad et puis sur les hauteurs de la cité à côté du mausolée de Sid Abdallah Ben Ali.
Là, le cheikh commence à donner ses premières leçons, élargissant son cercle de disciples. Il y évoque l'Islam, la foi et la philanthropie, trois piliers de la charia. C'était l'initiation de la voie : la tariqa. La vérité était au cœur des enseignements de Chouaïb Al Gouth, qui connaissait déjà les détachements spirituels de la «khalwa». Sur son chemin vers les Lieux Saints de l'Islam, Abou Mediène s'arrête à Bejaia, cité célèbre par l'astronomie, les mathématiques, les sciences du hadith et le tassaouf. Le savant voyageur a été émerveillé par le climat de connaissance qui régnait dans une ville ouverte sur la mer et les sciences (il devait s'y établir plus tard pendant quarante ans).
A La Mecque, au mont Arafat, Abou Mediène rencontre Abdel Kader Al Jilani, déjà considéré comme un kotb (pôle) du soufisme. Une rencontre historique. Les deux hommes ont voyagé ensuite à Baghdad, une ville prospère, carrefour d'échanges culturels entre le monde oriental et l'Asie. Abou Mediène avait appris tous les fondements du soufisme du cheikh Al Jilani. Il lui avait remis le fameux Kitabou al asrar (le livre des secrets), cette hypothèse n'est pas confirmée totalement par les historiens des religions. Ensuite, Abou Mediène et ses compagnons ont pris part, aux côtés de Salah Eddine Al Ayoubi, à une bataille contre les croisés, non loin d'El Qods. Dans cette ville sainte, Abou Mediène y a laissé des biens, dans Haï Al Maghariba (entre la porte de Bab Al Maghariba et celle Bal Al Silsila dans la pavillon ouest de la mosquée Al Aqsa).
De retour au Maghreb, Abou Mediène s'est installé à Béjaïa. Le sultan des Almohades, Youssef El Yacoub Al Mansour, avait demandé au gouverneur de Béjaïa de le faire partir de la ville et le «chasser» vers Marrakech, malgré son âgé avancé, 80 ans. Travaillé par les «savants» du palais, il avait pensé que son pouvoir était menacé par l'influence d'El Ghouth, lequel défendait la cause des pauvres et s'élevait contre toutes les formes d'arbitraire. Il savait que sa mort était proche. Il s'est éteint à Aïn Takbalt dans la région de Tlemcen. Produit à la faveur de «Tlemcen, capitale de la culture islamique», Le destin d'un berger a été co-écrit par Noura Kaci et Abderrahmane Benarous (Zahia Benarous a assuré la rédaction du texte).
Le réalisateur a fait appel à Sid Ahmed Boularabi (enfant), Noureddine Benhamed (jeune), Djamil Bouyahia (âge adulte) pour jouer le rôle de Chouaïb Abou Mediène. A noter enfin qu'un panorama des trente documentaires produit à la faveur de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique» est prévu du 14 au 21 mars à la nouvelle salle de cinéma Djamel Eddine Chandarli (ex-Colisée) de la capitale des Zianides. Les meilleurs documentaires auront des prix.


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