À l'occasion du Mawlid Ennabaoui et de la préparation de la manifestation “2010 : Tlemcen capitale de la culture islamique”, un colloque international sur “Sidi Abou Madyane, une voie, une œuvre” s'est tenu durant ce week-end à la maison de la Culture de Tlemcen, organisé par la direction de la culture. Sidi Abou Madyane Choaïb ben Al-Ansari Al-Houssein, saint patron de Tlemcen, était un professeur, un disciple, un auteur et un poète du soufisme. Les historiens et chercheurs soulignent qu'“il est le fondateur de la principale source initiatique du soufisme du Maghreb et de l'Andalousie. Il étudia à Séville, puis à Fès où il a reçu son éducation religieuse et subi l'influence des enseignements d'Abd Al Qadir Al-Jilani, d'Abu Yaza et d'Al-Ghazâlî (à travers Ibn Hrizim et d'Abu Bakr Ibn al-Arabi maître d'Abu Yaza)”. Les chroniqueurs historiques soulignent qu'allant en pèlerinage à La Mecque, il fit une halte à El-Eubbad, un faubourg de Tlemcen, où il enseigna la théologie et la science mystique. En Ville-Sainte, il rencontre Abd al Qadir Al-Jilani. Sur le chemin du retour, il fit un détour en Palestine où il aurait participé avec Saladin à une bataille importante contre les croisés. Après son pèlerinage à La Mecque et ses études au Moyen-Orient, il retourne pour enseigner à Béjaïa. Concentrant les chaînes initiatiques dérivées de l'école de Baghdad, d'Al Jilani, d'Al-Ghazâlî, Abou Madyane les transmit par Ibn Machich et par Chadili à la plupart des “thourouq” du Maghreb. Savant, mystique, professeur, poète, il disait : “Quand la vérité apparaît, elle fait tout disparaître”. Sa réputation de science et de sainteté lui valut, comme à Ibn Rochd (Averroès), la défiance du sultan Almohade Abu Yusuf Yaqub Al-Mansur qui le fit appeler au Maroc qu'il n'atteindra jamais. Il rendit l'âme à El-Eubbad le 13 novembre 1198. C'est là que l'on édifia son mausolée, devenu lieu de pèlerinage des Tlemcéniens. Son mausolée a été construit par le successeur almohade d'Al-Mansour, Muhammad an-Nasir, honorant la mémoire du saint, restauré et embelli par le sultan zianide Yaghmoracen, puis par le sultan mérinide Abu Al-Hassan Ali qui lui adjoignit, en plus d'un petit palais, une mosquée dans laquelle Sarmachik, l'architecte de Mohammed El-Kebir bey d'Oran, entreprit des travaux, et à laquelle l'émir Abdelkader fit don d'un minbar. Ce monument est devenu un lieu de pèlerinage. Ibn Arabî a appelé Abou Madyane “le professeur des professeurs”. À l'occasion de ce colloque, plusieurs communications ont été données par d'éminents professeurs et chercheurs venus des universités d'Alger, d'Oran, de Toulouse, de Tunis de Mostaganem, d'Aix-en-Provence et de Tlemcen. Le docteur Sali Ali Kikmet, chercheur en soufisme, membre fondateur des zaouïas d'Algérie, coordinateur de cette manifestatio, a mis en évidence le fait que Sidi Boumédiène fut à l'origine de pratiquement toutes les confréries et zaouïas importantes en Algérie et même dans le monde musulman d'une façon générale. Il a ajouté que ce colloque est axé sur un aspect assez méconnu, en particulier le rôle qu'a joué Sidi Abou Madyane au Moyen-Orient à travers sa fondation pieuse “le bien wakf” à El-Qods (Palestine). Autre axe au programme de ce colloque, les œuvres de Sidi Boumédiène qui a laissé un important diwan (recueil) de poèmes soufis déclamés jusqu'à présent dans les zaouias. Parmi les intervenants figurent Zaim khenchlaoui, maître de recherches au Centre national d'anthropologie préhistorique et historique d'Alger, anthropologue religieux qui vient de publier un livre qui actualise les données anciennes, le professeur et politologue Mustapha Chérif, ancien ambassadeur en Egypte, éminent chercheur en patrimoine spirituel qui a abordé le thème : “La fonction du maître”.