Pour M Benbada, l'Etat « continuera à accompagner les politiques de mise à niveau des entreprises et encourager leur développement et leur promotion ». Le nouveau schéma du démantèlement tarifaire des produits industriels et de la révision des concessions tarifaires dans le domaine des produits agricoles et agroalimentaires, qui devra faire l'objet d'autres rencontres d'explication et de sensibilisation au profit des opérateurs économiques, est intervenu tout récemment après deux années de consultation, soit huit rounds en tout. Sa conclusion faite suite à « un constat d'échanges déséquilibrés entre l'Europe et l'Algérie » depuis la signature de l'accord d'association. Le directeur de la division Europe aux affaires étrangères, Alloua, un des négociateurs et membre du groupe de suivi de l'accord, a constaté que l'accord de 2005 était déséquilibré, c'est-à-dire qu'il profitait beaucoup plus à l'Europe, au « détriment de l'Algérie permettant à celle-ci de tirer un grand profit en consolidant sa position sur le marché algérien » avec des exportations à caractère commercial qui avoisinent les 20 milliards de dollars/an. Pourtant, il « n'y pas que ça, l'accord devait stimuler aussi les investissements directs en Algérie (IDE) », dira le représentant des AE. Malheureusement, leur montant n'a pas dépassé les 3,5 milliards de dollars sur la période de 2005 à 2009, dont un milliard dans le secteur des hydrocarbures. Pis encore, c'est « le Trésor public qui a perdu 2,5 milliards de dollars en droits de douanes exonérés ». La perte aurait été « plus importante (8,5 milliards de dollars) si on n'avait pas obtenu ce report dans le démantèlement tarifaire », ajoute M. Alloua. 25 CONTINGENTS TARIFAIRES ACCORDES À L'UE ANNULES Parlant de l'ambiance de ces consultations - pourtant prévues dans l'accord (articles 9, 11 et 16) -, l'intervenant a reconnu que les échanges ont été des plus acharnés. De plus, ces « renégociations » pouvaient créer un précédent, l'Algérie étant « le seul partenaire à réussir à l'imposer », explique-t-on. La requête de l'Algérie pour un gel tarifaire a été introduite en juillet 2010. En juillet 2011, le volet agricole a déjà progressé avec un accord finalisé ; il restait le volet industriel dont la dernière proposition était déjà introduite en février 2012. L'accord final, qui sera applicable à partir de septembre 2012 (1er octobre pour les produits agricoles) porte sur la révision du calendrier du démantèlement tarifaire pour 1.058 lignes tarifaires « jugées sensibles en termes de production, d'emplois et d'investissements ». Ainsi, plusieurs produits qui devaient passer à 0% de droits de douane à septembre 2012, bénéficieront d'un délai supplémentaire de quatre ans, c'est-à-dire jusqu'en 2016. Les réaménagements douaniers diffèrent d'une liste à une autre (trois listes en tout) selon leur importance. Dans le domaine agricole, l'accord parle d'une annulation de 25 contingents accordés à l'UE, l'abrogation de préférences tarifaires de deux produits agroalimentaires et la réouverture de 9 contingents ainsi que la modification de deux autres, par une augmentation du volume (blé tendre et les animaux reproductifs) et ce, à titre compensatoire pour l'Union européenne. Selon un cadre du ministère de l'Energie et des Mines, « cet acquis va permettre à l'Algérie de mieux négocier les concessions qui lui seront demandées par ses partenaires à l'OMC ». En termes d'impact, des secteurs comme les mines (marbre et granit) avec 81 milliards DA de chiffre d'affaires dont 51 milliards réalisés par le privé ou encore la pétrochimie avec 166 milliards DA en 2009 et 1,2 milliard de dollars d'importation de produits dérivés tel le bitume, les retombées sont non négligeables. Il reste à savoir, enfin, si ce réaménagement ne va pas « influer sur le contenu de la mise à niveau pour nos PME engagées par l'Union européenne puisque résultant de l'application de l'accord d'association en lui-même », s'est interrogé le président du conseil consultatif de la PME-PMI, Zaïm Bensaci.