Tout au plus, Bamako a sollicité l'aide de la Cédéao pour « recouvrer l'intégrité territoriale » et « lutter contre le terrorisme ». Il n'y aura donc pas de déploiement des troupes de la Cédéao, qui s'est dite prête à envoyer sur le terrain près de 3 300 hommes, aux contours jugés flous, pour combattre les affidés de l'Aqmi. En sollicitant officiellement le président de la Cédéao, l'Ivoirien Alassane Ouattara, le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a précisé la nature de l'aide pour permettre la « sécurisation des institutions de transition et la réorganisation des forces armées et de sécurité » par le biais d'un détachement de liaison et d'observation. Le déploiement d'unités de police ou de « forces militaires combattantes » est écarté. Dans sa lettre explicative, le président par intérim malien, qui a plaidé pour l'urgence d'une action régionale coordonnée et concertée, s'inscrit dans cette perspective : « un soutien et un appui aériens », des renseignements, une aide logistique et l'envoi de cinq bataillons « à engager graduellement dans le contrôle des villes reconquises », sans participation aux combats préalables. Cet aspect pourrait inclure aussi « l'acheminement de l'assistance humanitaire », le « soutien » au plan sanitaire et la « reconstruction des camps et autres infrastructures ». Perçue comme un pas important pour tenter de récupérer le Nord, tombé aux mains des groupes extrémistes, la démarche malienne donne toutes ses chances à la négociation pour rendre « sans objet » une intervention militaire envisagée seulement en ultime recours. L'option malienne a été défendue par le secrétaire général de la présidence, Baba Berthé, en réponse à l'annonce faite par un diplomate français faisant état d'une demande « formelle » du président malien. Elle est soutenue par les acteurs importants. Pour le FDR (Front uni pour la défense de la République et la démocratie), une coalition anti-putsch du 22 mars, la « décision courageuse » du Mali exige de la Cédéao, de l'Union africaine et de l'UA une implication rapide et urgente. Quant au parti pour la Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), membre également du front anti-putsch, la ligne de marcation est sans appel : « une libération du Nord avec, au centre, nos forces armées ». Il reste que, a contrario, le principal animateur du putsch du 22 mars, le capitaine Amoudou Sanogo, se déclare réfractaire à toute idée de « troupes de la Cedeao » à Bamako même, en espérant, tout au plus, « un soutien logistique et du renseignement par rapport à la libération du Nord ». Une nouvelle crise au sommet ?