« La stratégie militaire face à la mondialisation des menaces », notamment la prolifération du nucléaire, tel a été le thème d'une conférence donnée hier au centre «Echaâb» des études stratégiques, par Noureddine Amrani, un colonel à la retraite et chercheur. Un remake du scénario de l'Irak n'est pas impossible, estime dans la foulée le conférencier qui n'a pas hésité à faire une comparaison des forces iraniennes et israéliennes. «Pas de comparaison possible tant le niveau technologique des armes de l'Etat hébreu» qui est une puissance nucléaire depuis les années 1960 est élevé», dit-il avant de s'interroger sur la réaction et le devenir du monde arabe si un conflit Iran-Occident viendrait à éclater. «Pas grand-chose», dit-il, prônant un combat diplomatique pour une dénucléarisation. L'Iran, dont aucune preuve de fabrication d'armes nucléaires n'a été prouvée, détient, selon les Occidentaux, des missiles balistiques pouvant porter des têtes nucléaires et atteindre Israël qui détient plus de 150 têtes nucléaires. Pour lui et les participants à cette conférence, l'Occident redoute une maitrise par l'Iran de la technologie nucléaire… civile. La raison ? «Il n'y a pas de vraies frontières entre le nucléaire civil et le militaire», expliqua à l'assistance M. Meghlaoui, un diplomate algérien habitué aux conférences sur le TNP estimant à plus 40 le nombre de pays qui maitrisent le processus d'enrichissement de l'uranium et de son retraitement. Le monde court-il à sa fin ? Plus de 50 ans après les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki, la question du nucléaire s'impose comme le thème majeur de l'actualité internationale. Notamment depuis la fin de la bipolarisation du monde et la guerre froide qui a suscité un nombre considérable de conflits conventionnels. Conflits suscités, il est vrai, le plus souvent par les marchands des armes de l'ex-pacte de Varsovie et l'Otan. 20 ans après la chute du mur de Berlin, l'Occident, particulièrement les pays détenteurs de l'arme atomique vivent avec une hantise : apprendre un matin que des terroristes ont en leur possession ces armes sales. «23.000 têtes nucléaires sont recensées dans le monde, dont 90% appartiennent à la Russie et aux Etats-Unis», indique le colonel à la retraite suggérant à l'assistance de prendre avec des pincettes le discours d'Obama sur la dénucléarisation. «Il a octroyé 1 milliard de dollars pour moderniser l'arsenal US», dit-il. Il est vrai que le dernier prix Nobel de la paix qui s'est engagé à réduire le nombre de ses armes nucléaires stratégiques à 1.550, estime que «dire que la guerre est parfois nécessaire n'est pas un appel au cynisme». M. Noureddine Amrani qui a rappelé que plusieurs pays nucléarisés (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine) ont signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, et que d'autres (Inde, Pakistan, Corée du Nord, Iran et Israël) ont refusé de signer, a salué ceux qui ont renoncé au nucléaire militaire (Brésil, Afrique du Sud, Irak, Argentine et Libye). Le TNP, un texte vieux de 40 ans, est fondé sur un consensus : les pays nucléaires acceptent d'éliminer leurs arsenaux nucléaires, les pays non-nucléaires promettent de ne pas acquérir ce genre d'armes et toutes les parties du traité ont la garantie d'avoir droit à l'utilisation de l'énergie nucléaire pacifique tant qu'elles respectent leurs obligations.