“Un monde sans armes nucléaires, est-il possible ?” Ce titre, emprunté en partie au discours du président Barack Obama, prononcé à Prague, en avril dernier, a fait l'objet, hier, d'une conférence-débat, animée par Hocine Maghlaoui, un des négociateurs algériens du traité d'interdiction des essais nucléaires. L'invité du centre d'“Echaâb” des études stratégiques a d'emblée rappelé qu'après la Seconde Guerre mondiale, l'idée d'un contrôle international s'est vite imposée, pour mettre fin à la course à l'armement nucléaire. Le 24 janvier 1946, l'Assemblée générale des Nations unies a, d'ailleurs, consacré une séance au nucléaire et voyait alors les choses sous l'angle de “l'élimination des armes nucléaires”. Aujourd'hui, l'objectif d'élimination a été remplacé par la réduction des arsenaux nucléaires, y compris dans la vision développée par le président américain, dans la capitale tchèque. Dans son exposé, M. Maghlaoui a abordé “l'aventure nucléaire” et la période ayant permis la création de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ainsi que l'entrée en vigueur du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1970, faisant ainsi du désarmement nucléaire une obligation internationale. Selon l'orateur, c'est en 1962, après la crise des missiles de Cuba, que “le monde est entré dans la détente” et ce, jusqu'en 1979. Dans cette période, des accords sont conclus entre les deux puissances mondiales, les USA et l'URSS, visant la limitation des armes stratégiques. C'est le cas des 2 accords bilatéraux de contrôle des armements (Salt), signés en 1972 et 1979, ainsi que du Traité ABM de 1972, considéré comme étant “la pierre angulaire de l'équilibre stratégique”, qui prévoyait de limiter la position et le nombre des systèmes de missiles anti-missiles balistiques. Après la chute de l'Union soviétique, d'autres accords ont été signés entre les Etats-Unis et la Russie. Le 8 avril dernier, un nouvel accord sur Start (startegic arms reduction treaty) a été signé, relatif au plafonnement des têtes nucléaires à 1 550 pour chaque partie et des lanceurs à 800. La rencontre d'“Echaâb” coïncide avec la tenue de la conférence d'examen du TNP (du 3 au 28 mai 2010), qui se tient à New York. Elle a donné l'occasion à M. Maghlaoui, ex-secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et ancien ambassadeur, de s'exprimer sur les enjeux du nucléaire, le rapport de forces mondial actuel et le travail déployé par le groupe des pays non alignés. “Aujourd'hui, le monde est arrivé à la croisée des chemins. Les pays nucléaires doivent accepter de respecter leurs engagements”, a indiqué le conférencier. Au cours du débat, ce dernier a commenté, notamment “le bras de fer Etats-Unis-Iran”, “la politique de l'ambiguïté d'Israël” en matière de nucléaire, et le dernier accord tripartite irano-turco-brésilien. “Au risque de me répéter, le droit à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, est un droit inaliénables”, a conclu M. Maghlaoui.