Le président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, a appelé vendredi, le gouvernement dirigé par le parti Ennahda à « assumer pleinement ses responsabilités » pour faire face aux « provocations » des groupes de mouvance salafiste qui « ont franchi la ligne rouge ». Dans une allocution télévisée, prononcée à la suite des manifestations organisées à Tunis pour protester contre un film américain attentatoire au Prophète Mohamed (QSSSL), le président tunisien a indiqué que le mouvement salafiste constitue une « menace pour les libertés et les droits des Tunisiens, mais, également, pour les relations internationales du pays et pour son image et ses intérêts ». Il a, d'un autre côté, assuré que le film islamophobe est « un outrage intolérable et injustifiable » de la part de ceux qui prônent la liberté d'opinion et d'expression. Il a ajouté dans ce sens que l'atteinte à l'Islam s'inscrit dans le cadre d'un dessein diabolique qui vise à attiser la haine entre les peuples. Marzouki a condamné « vivement » les agressions contre les missions diplomatiques, appelant le peuple tunisien à bannir les actes de violence. De son côté, le gouvernement avait réaffirmé « son engagement total à assurer la protection des missions diplomatiques en Tunisie ». Il a également fait part de sa détermination à appliquer la loi, à empêcher tous les dépassements dans l'organisation des manifestations et des protestations et à traduire en justice tous ceux qui ne la respectent pas et qui cherchent à faire dériver le processus vers des atteintes à la sécurité et à la stabilité, et à menacer la sécurité des résidents, des étrangers et des hôtes en Tunisie. Mais, il est évident que cette sortie du chef de l'Etat fragilise la coalition malmenée par l'exacerbation des divergences internes. Accusée d'hégémonisme, la formation majoritaire islamiste, Ennahda de Ghannouchi, est soumise à un flot de critiques portant sur le laxisme, voire la duplicité, envers le turbulent allié salafiste, maître de la rue et coupable d'actes de violence réitérés. Le face à face inéluctable est soigneusement évité. Ennahda, qui a mis sur le dos des « groupes de délinquants » la responsabilité du détournement de la marche pacifique en affrontements violents (2 morts et 40 blessés) entre les forces de l'ordre et des manifestants majoritairement salafistes réclame une « enquête sérieuse pour identifier les auteurs et les commanditaires des violences ».