La « Une de trop », a jugé Rama Yade, présidente de la commission d'investiture de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), qui rallume le brasier confessionnel et participe à jeter de « l'huile sur le feu », relève le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, appelant à ne pas céder à la provocation. Pour la seconde fois et, surtout dans le contexte des tensions grandissantes entre le monde arabo-musulman et l'Occident, Charlie Hebdo décide de publier les caricatures offensantes sur le Prophète Mohamed (QSSSL) qui lui ont valu, il y a un an, d'être incendié et mis sous forte protection policière. L'arme de l'islamophobie, inspirée de la thèse éculée du clash des civilisations, génère la montée des extrêmes et, de façon incontestable, l'impasse chaotique du « Printemps arabe », désormais, peuplé par le salafisme défiant les pouvoirs de transition. La mort de l'ambassadeur américain et des membres du corps diplomatique du consulat de Benghazi, la mise à sac des ambassades américaine en Tunisie et en Egypte : une simple coïncidence ? La France, prompte à sévir contre toute critique vis-à-vis d'Israël faussement assimilée à l'antisémitisme, vit le péril de la contestation islamiste. Déjà ébranlé par la sombre affaire Mellah, Paris a connu un rassemblement non autorisé et réprimé qui se veut, selon l'animateur du site l'Islam en France, Abderrahim, au départ « une réponse à une importation en France » de l'affaire du film islamophobe par la presse française. Face aux risques de « violences inexcusables », provoquant le renforcement des mesures de sécurité dans une vingtaine d'ambassades françaises dans le monde et la fermeture des écoles françaises en Tunisie, la gauche au pouvoir, pourtant opposée aux dérives islamophobes de l'ère Sarkozy et à toute forme de stigmatisation communautaire, s'enlise à son tour dans l'alibi de la « liberté d'expression ». Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, recevant les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), a exprimé son refus de toute remise en cause du « droit d'expression, celui de l'information, de l'opinion, de la caricature dans le cadre évidemment de la loi ». Mais, dans une vision à double standard, ni les principes républicains inhérents au respect du culte et de la conscience ni la liberté de manifester ne profitent à ceux-là dont le seul recours reste la justice. C'est que la liberté de manifestation, érigée en socle intangible dans la région du Moyen-Orient, est déclarée nulle et non avenue. Le sort réservé à la demande légale, déposée en bonne et due forme, est connu. « Toute manifestation qui vise à troubler l'ordre public, à provoquer, à attiser les esprits, à semer la haine, ne sera pas autorisée, sera interdite et j'ai donné consigne à l'ensemble des préfets, pour que ces interdictions se traduisent concrètement », a martelé le ministre de l'intérieur français. « Nous ne tolérerons pas de débordement », a expliqué le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Vérités au-delà des Pyrénées, erreur en deçà ?