Mahiedine Bachir, le SG de la Fédération nationale des sourds d'Algérie (FNSA) a animé, hier, une conférence de presse à Ben Aknoun. Saisissant l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des sourds-muets, le SG a fait part des obstacles que vit cette frange de la population, doublement marginalisée . « Ils sont de plus en plus isolés », dira-t-il. A cet effet, il souhaite que le langage des signes soit généralisé car il constitue un moyen d'intégration socioprofessionnel. « Mis à part les sourds, personne ne pratique cette langue, qui est un moyen de communication », a-t-il souligné. « Alors, comment un sourd devra-t-il payer sa facture de téléphone, se faire établir un acte de naissance, acheter un ticket de bus ? » se demande-t-il. « Depuis la mort de Nacer Ouari, personne n'assure la traduction par les signes du JT. Aucun programme ou émission ne sont consacrés ou accessibles aux sourds. C'est un reproche que je fais aux responsables de l'ENTV qui ne prennent pas en compte les 800.000 sourds et malentendants que compte le pays », a-t-il indiqué. Idem dans les mosquées, où les autorités religieuses n'ont pas pensé à ramener un interprète pour le prêche du vendredi. Une fois la prière finie, le sourd doit partir, frustré. Actuellement, seuls certains secteurs ont pris conscience de l'utilité de la langue des signes. Le premier, la justice, a formé 254 greffiers, qui sont opérationnels. La DGSN va également former des policiers pour mieux comprendre les sourds. Sur le plan professionnel, peu de sourds sont embauchés. « Nous souhaitons une véritable stratégie d'intégration socioprofessionnelle », a fait savoir M. Bachir. « Seule la généralisation de la langue des signes pour communiquer avec les sourds peut apporter un plus pour cette communauté », a-t-il souligné. Par ailleurs, la FNSA espère d'autres échos favorables de la part des ministères des Affaires religieuses, de l'Intérieur, des Transports, de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, des walis, des APC...et ce, pour puiser, chacun en ce qui le concerne, dans le décret de 2009 relatif à la prise en charge des handicapés en général et des sourds en particulier. Les sourds sont privés de parole, c'est un fait, mais ils veulent se faire entendre, car ceux qui ne parlent pas ont aussi quelque chose à dire.